Intervention de Jean-Christophe Lagarde

Séance en hémicycle du vendredi 20 novembre 2020 à 15h00
Sécurité globale — Article 24 (appelé par priorité)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Lagarde :

Nous voilà donc parvenus à l'article qui fait couler tant d'encre depuis plusieurs jours et pousser partout des cris de fureur et de stupéfaction, certains sans doute sincères, d'autres feints, avec des objectifs qui ne paraissent pas raisonnables.

Effectivement, le débat devrait être raisonnable. Pour qu'il le soit, il ne doit pas se fonder uniquement sur la rédaction de l'article, mais également sur ce dont nous avons besoin. Ces dernières années s'est développée la diffusion d'images sur lesquelles on peut reconnaître des individus, et qui les mettent en cause ; ces images sont parfois montées, tronquées, coupées, altérées, interprétées, conduisant finalement à un lynchage médiatique. De qui ? Des forces de l'ordre, à qui nous confions la mission de faire en sorte que la société vive dans la tranquillité.

Il ne fait débat sur aucun banc qu'une police républicaine doit pouvoir être contrôlée, ce qui signifie qu'elle peut être filmée sans aucune difficulté. Une seule exception de mon point de vue, pour les opérations antiterroristes visant à libérer des otages : j'ai été grandement choqué d'avoir vu filmer l'opération de l'Hyper Cacher, qui aurait pu être repérée par le terroriste. Mais les opérations de police habituelles donc, il est normal qu'elles soient filmées, je pense que personne ici ne le remet en cause. Qu'elles puissent être diffusées, quoi de plus normal également, puisque le grand public peut avoir à connaître de ce qui se passe lors d'une opération de police, qu'elle se soit bien déroulée ou mal.

Ce qui n'est pas acceptable, c'est qu'on puisse identifier lors de la diffusion au grand public les personnes en cause, qu'il s'agisse de la personne interpellée ou de celle qui interpelle. En effet, dans notre société, seuls les enquêteurs et les magistrats sont légitimes à connaître l'identité pour juger des faits, pour décider si ce qui s'est passé est normal ou pas. Le grand public n'a pas besoin de reconnaître le visage de quelqu'un lors d'une intervention de police, interpellé ou interpelleur, il a simplement besoin de savoir comment elle s'est passée. C'est cela qui relève de la liberté d'information. Le reste relève de l'instruction. Or, la justice se rend dans les tribunaux, pas sur les réseaux sociaux.

C'est cela, la vraie liberté.

1 commentaire :

Le 24/11/2020 à 09:29, Laïc1 a dit :

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La vraie liberté, c'est d'avoir beaucoup, énormément, d'argent...

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