En l'état actuel de la loi, le délit d'attroupement après sommation et celui d'outrage – qui n'est caractérisé que du point de vue du policier, sur sa simple appréciation et sans aucune intervention de magistrat – , permettent de placer une personne en garde à vue pour une durée pouvant atteindre quarante-huit heures ; c'est la réalité. C'est déjà ce qui se passe dans les manifestations. C'est ce qui est arrivé au journaliste de France 3 mardi soir : il a été placé en garde à vue pendant trente-six heures. Une autre journaliste photographe l'a été pendant vingt-quatre heures. Et je ne parle pas des journalistes qui, au fil des actes des gilets jaunes, ont été pris pour cible parce qu'ils prenaient des photos ou parce qu'ils filmaient. Je pense notamment à ce journaliste du Journal du dimanche qui a témoigné devant la commission d'enquête parlementaire sur le maintien de l'ordre il y a quelques semaines : il s'est fait fracturer la main, nous a-t-il expliqué. Pourquoi la main ? Parce qu'elle tenait son appareil photo ! Nous parlons là d'un journaliste du JDD, qui n'est pas le média alternatif le plus opposé à la politique du Gouvernement.