Au préalable, je tiens à dire que j'aime beaucoup les accents et que je soutiens leur promotion comme partie intégrante de notre patrimoine culturel.
Pourquoi suis-je opposée à l'article 1er de cette proposition comme aux deux suivants ? Pour deux raisons : l'une tient au calendrier et l'autre au fond.
Premièrement, il me semble qu'une question d'opportunité se pose, même si je reconnais aisément, monsieur le rapporteur de la commission des lois, que vous n'êtes pas responsable du calendrier parlementaire. Au moment où la France traverse une crise sanitaire exceptionnelle et une crise économique majeure, au moment où elle fait face à une série d'attentats terroristes, comment les Français pourraient-ils comprendre que l'Assemblée nationale consacre du temps à un tel texte ? C'est assez incongru.
Deuxièmement, je suis en désaccord sur le fond même : votre proposition ne fait pas la promotion des accents, elle se contente d'agir, de façon coercitive, en réprimant la discrimination – ou supposée discrimination – des personnes dotées d'un accent par l'ajout de ce critère à la liste figurant à l'article 225-1 du code pénal. Ce n'est pas un bon procédé. Mettons fin à cette tyrannie de la victimisation qui fait envisager toutes les choses depuis une position de victime.
Cette proposition de loi, rendez-vous compte, veut mettre sur le même plan la discrimination fondée sur l'accent et les celles fondées sur l'origine, le sexe, la grossesse, les moeurs, l'orientation sexuelle, les opinions politiques ou le handicap. Je trouve déplacé, inconvenant, voire indécent de placer à égalité une discrimination liée au handicap et une discrimination liée à l'accent.