Notre pays a bien trop de problèmes pour que nous nous opposions sur une question qui, au fond, nous réunit ; j'ai bien entendu ce qu'a dit M. le ministre et nous en sommes tous d'accord.
Les esclaves, madame Buffet, ne demandaient pas pitié ; ils se révoltaient. Les femmes n'ont pas demandé pitié ; elles se sont révoltées aussi et je me suis retrouvé dans leur combat comme je me retrouve dans celui d'un certain nombre de personnes handicapées. Je dis simplement ceci : on ne saurait me faire l'injure de me soupçonner de parler sans accent. On ne saurait pas davantage me faire l'injure de nier que j'ai payé cet accent très cher et que je continue de le payer – mais je ne paye pas que ça. L'accent, en ce qui me concerne, est plutôt un alibi.
Peut-être me suis-je exprimé de manière trop abrupte, mais j'aurais le sentiment d'insulter mon père, ma mère et ceux qui les ont devancés si, parce que je parle comme ils parlaient et parce que la France, à nulle autre pareille, s'est construite autour d'un État, au fil des règnes puis de la République, avec l'apport de ses provinces, elle en arrivait à ne plus s'aimer au point qu'il faudrait demander la protection de ceux qui parlent un langage différent de celui des trois arrondissements parisiens qui décident de la vie et de la mort du pays.
J'écoute M. Aphatie, puisqu'il a été question de lui : il a tout fait pour perdre son accent, mais en vain ! Ce n'est pas de ma faute. Je préfère rester ce que je suis car, à ce petit jeu de la litanie – les Bretons, les Basques, les Alsaciens…