Intervention de Olivier Véran

Séance en hémicycle du lundi 30 novembre 2020 à 21h00
Amélioration du système de santé par la confiance et la simplification — Après l'article 2 quater

Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé :

Je rappellerai tout d'abord qu'on a considérablement fait évoluer ce soir, et c'est tant mieux, le cadre d'exercice et les missions des maïeuticiens et des sages-femmes : en l'espace d'une heure, mesdames, messieurs les députés, vous avez boosté leurs compétences comme jamais depuis plus de dix ans.

Mais je ne suis pas complètement à l'aise avec la manière dont le problème est ici posé. Prenons le cas d'une patiente atteinte fréquemment de cystite. Sa sage-femme lui dit que c'est la quatrième de l'année, et qu'il faut aller voir un urologue pour faire un bilan urodynamique, éventuellement une scopie ou un scan. Dès lors qu'elle est habilitée à le lui conseiller, on peut se demander pourquoi passer obligatoirement par le médecin traitant ! Mais le généraliste n'aurait alors pas tort de s'inquiéter de la perte de données médicales sur la patiente dont il gère les pathologies, les antécédents et le suivi. Car sera-t-il informé ? La patiente peut finir par se dire qu'elle aime beaucoup sa sage-femme, que tout se passe super bien, et qu'elle ira toujours la voir en premier recours en cas de problème de santé. Or le champ des compétences n'est pas le même : ne confondons pas le métier de sage-femme et celui de médecin généraliste.

Et puis votre amendement ne pose aucune limite : pour n'importe quelle indication, la sage-femme pourrait adresser directement la patiente au spécialiste. Ce n'est pas le risque d'abus qui me pose problème, mais vraiment la question de la perte de données et de cohérence par rapport au médecin traitant.

Par ailleurs, en cas d'urgence, dermatologique ou autre, je rappelle qu'il y a toujours possibilité d'aller voir directement le spécialiste.

Bref, il ne faut peut-être pas confondre, je suis même sûr qu'il ne faut pas confondre le rôle du médecin généraliste, qui est le médecin référent, pluridisciplinaire, le pilier de la coordination des soins, et celui, que nous renforçons, d'une sage-femme dans le parcours de soins d'une femme enceinte ou non, en lien avec sa pathologie ou sa santé sexuelle. Vous ouvrez un cadre qui est trop général. J'hésitais avec un avis de sagesse, mais nos discussions m'amènent à donner un avis défavorable à l'amendement.

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