Intervention de Julien Aubert

Séance en hémicycle du mardi 1er décembre 2020 à 15h00
Questions au gouvernement — Réorganisation d'edf

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Monsieur le Premier ministre, le projet Hercule vise à réorganiser Électricité de France – EDF – en trois entités, mais fait peser un risque inacceptable sur la souveraineté française.

Nous sommes tous d'accord sur la nécessité de revoir le mécanisme de rachat de l'électricité nucléaire, qui étouffe financièrement EDF, ce qui suppose de dialoguer avec la Commission européenne. Il faut néanmoins constater que ce mécanisme, dit de l'ARENH – accès régulé à l'énergie nucléaire historique – , n'a pas permis de faire émerger de véritables producteurs d'électricité concurrents, alors que la contrepartie, que le Gouvernement est sur le point de proposer, va à l'encontre de notre intérêt national.

Il ne s'agit rien de moins que de démanteler le producteur historique au profit d'un arc-en-ciel bleu, azur et vert : une société pour le nucléaire, une autre pour l'hydroélectrique et la dernière pour les activités concurrentielles.

Vous n'apportez pas la preuve que ce démembrement serait une solution intelligente. Pourquoi devrait-on séparer le nucléaire des autres énergies ? N'est-ce pas l'inverse qui a été affirmé pendant des années, en louant leur complémentarité ? La rente nucléaire n'a-t-elle pas longtemps servi à alimenter le subventionnement des énergies vertes ? Avoir un acteur unique qui a la main sur les énergies pilotables et les énergies intermittentes, c'est une chance pour le réseau.

Ce projet suscite d'ailleurs de fortes contestations au sein même du groupe EDF, qui a connu, jeudi dernier, un mouvement de grève suivi par un tiers des salariés. Il met en péril le caractère public de la gestion de nos barrages hydroélectriques, qui n'est reconnue ni comme un service d'intérêt économique général, ni comme une quasi-régie. Il existe donc un risque de mise en concurrence.

Enfin, le réseau Enedis sera rattaché à EDF Vert, c'est-à-dire aux activités concurrentielles qui pourraient être privatisées. Quelle est la logique de ce projet, monsieur le Premier ministre ? Est-elle industrielle ou financière ?

Profitez de l'occasion, s'il vous plaît, pour nous dire si l'EPR – réacteur pressurisé européen – de Flamanville est opérationnel ou pas.

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