Contrairement à ce que certains voudraient croire, l'argent public, ce n'est pas de l'argent gratuit. La solidarité nationale, à laquelle se rattache notre système de soins, est le fruit du travail des Français, de sacrifices et d'efforts consentis au nom d'un idéal d'égalité. Ainsi, la fraude, qu'elle soit sociale ou fiscale d'ailleurs, est-elle un vol commis à l'égard de l'ensemble de la nation et qui remet en cause les fondements de notre vivre-ensemble. La minimiser ou ne pas se donner les moyens de la combattre constitue une lâcheté morale et un affaiblissement de notre pacte social et républicain. Dès lors, cette proposition de loi, reprenant une mesure voulue par Nicolas Sarkozy en 2012 et votée par le Sénat, propose un outil efficace.
Certains diront que la fraude sociale est résiduelle ou qu'elle n'est pas une priorité, en comparaison à d'autres enjeux. Je leur répondrai qu'il est vain d'opposer les fraudes entre elles et que la République des droits doit être aussi celle des devoirs.
Certains autres diront que la lutte contre la fraude atteint des niveaux record. Je leur répondrai que les 1,2 milliard d'euros détectés ne sont rien en comparaison des 7 milliards d'euros fraudés.
Certains enfin diront encore que cette disposition se heurte à des difficultés techniques et financières. Je leur répondrai que les sénateurs en ont tenu compte en assouplissant le dispositif proposé.
Ce titre de presse, certes racoleur, ne doit pas manquer de nous interroger : « 67 millions de Français, 84 millions de cartes Vitale ». Nous n'avons pas à nous excuser auprès de ceux qui ne respectent pas les règles les plus élémentaires. Alors que notre pays est le champion du monde de la dépense sociale, il ne s'agit pas de stigmatiser qui que ce soit ou de remettre en cause la générosité qui fait la fierté de la France. Cette générosité, nous voulons au contraire la préserver afin qu'elle soit utile et efficace pour le plus grand nombre.
Sans surprise, vous avez rejeté cette proposition de loi en commission, en arguant qu'une expérimentation était en cours, mais elle vient tout simplement en complément.
Souvenez-vous : 67 millions de Français, 84 millions de cartes Vitale !