Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du mardi 21 novembre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, nous redoutions à l'entrée de ce débat une loi de finance inégale et austère. De ce point de vue vous avez battu des records !

Vous avez fixé un cadre : celui de la soumission aux diktats européens et à la règle des 3 % qui impose une austérité permanente aux États alors que la France a besoin d'investir dans les secteurs d'avenir qui correspondent aux besoins de sa population comme la transition écologique ou les services publics.

Vous avez amputé le budget du logement de 1,8 milliard d'euros et baissé les APL de 5 euros alors que la France a besoin d'un plan d'urgence pour répondre aux besoins des quatre millions de personnes mal logées dans ce pays ! Vous avez drastiquement baissé l'imposition des plus riches en sortant le capital mobilier de l'assiette de l'ISF alors que la France a besoin au contraire de faire contribuer le capital pour répondre à la crise sociale qui frappe notre pays ! Vous avez inventé la flat tax, véritable bouclier pour les revenus du capital alors que la France a besoin de retrouver une progressivité de l'impôt pour une plus grande justice fiscale ! C'est l'inverse de l'augmentation de la CSG.

Vous avez supprimé 280 000 contrats aidés, soit le plus grand plan de licenciements de l'État sous la Ve République alors que le taux de chômage avoisine les 10 % en France.

Vous avez encouragé l'ubérisation de l'emploi avec le développement du régime de la micro-entreprise alors que la France a besoin de personnels formés, qualifiés et qui ne travaillent pas dans une précarité digne du XIXe siècle. Vous avez renoncé à taxer le trading à haute fréquence alors que la France a besoin de mettre fin à ces pratiques spéculatives qui sont nocives pour l'économie. Vous avez engagé des coupes claires dans les budgets des services publics à hauteur de 15 milliards d'euros alors que la France a besoin de services publics performants pour faire face à l'urgence sociale, que les dépenses sociales participent à l'accroissement du PIB et que ce sont elles qui, depuis plusieurs années, ont permis de maintenir le feu de l'activité économique.

Vous avez voté la transformation du CICE en baisse de cotisations patronales alors que ce dispositif n'a eu aucun effet sur l'emploi, pour un coût vertigineux cumulé de plus de 100 milliards d'euros, argent qui aurait pu être utilisé dans un véritable plan de relance de l'activité.

Vous avez supprimé la dernière tranche de la taxe sur les salaires dans l'espoir illusoire d'attirer les banquiers et les financiers de la City dont le pays peut très bien se passer alors que vous vendez à l'encan nos derniers fleurons industriels – je pense notamment à Alstom.

Vous avez instauré un jour de carence dans la fonction publique et entamé la diminution du nombre de fonctionnaires alors que la France a besoin de toujours plus de serviteurs de l'État et de l'intérêt général travaillant dans des services publics solides, surtout en temps de crise. Santé, justice, sécurité, éducation, culture, services sociaux : on pourrait énumérer tous les services publics qui manquent de personnels.

Vous avez décidé de vendre 10 milliards d'euros de participations de l'État dans des secteurs stratégiques comme l'énergie – je pense à la vente récente de parts d'Engie – alors que la France a besoin de garder le contrôle de ses secteurs stratégiques au nom de notre souveraineté nationale et qu'en outre cela s'avère une très mauvaise affaire puisque les intérêts que vont rapporter ces fonds une fois placés seront moindres que la rente qu'ils nous rapportaient chaque année.

Vous avez annoncé un plan d'investissement de 56 milliards d'euros sur le quinquennat : finalement c'est moins de 24 milliards qui seront réellement injectés par le Gouvernement alors que la France a besoin d'un grand plan d'investissement de 100 milliards, notamment dans la transition énergétique.

Nous pourrions continuer à énumérer ainsi les méfaits de ce projet de loi de finances. Il constitue certes une excellente nouvelle pour la finance, pour les actionnaires et le MEDEF mais une très mauvaise pour l'activité économique et pour ceux, quasiment la totalité des Français, qui produisent des richesses et tirent une cordée rendue chaque année de plus en plus lourde du fait de la rente inutile du capital.

Ce projet de loi de finances ne rend pas service au pays. C'est la raison pour laquelle le groupe La France insoumise votera contre.

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