Le projet de loi vise à se conformer aux principes du nouveau code mondial antidopage dès janvier 2021. Il s'agit d'un texte indispensable et nécessaire si la France veut se montrer exemplaire en ce domaine.
Le dopage existe depuis des temps immémoriaux, aussi loin que remonte le sport : les Grecs consommaient déjà des champignons hallucinogènes pour accroître leur endurance. Cette pratique n'en est pas moins condamnable et débute dès lors qu'une substance ou un procédé est utilisé afin d'accroître la performance sportive. Ce premier geste conditionnera progressivement l'athlète, qu'il soit professionnel ou amateur, et l'on sait combien l'habitude du geste compte dans les pratiques addictives.
Si le beau geste, le fair-play et la compétition sont les ferments d'une saine émulation individuelle ou collective, le dopage, lui, va à l'encontre de l'esprit sportif. Plus que le geste, c'est donc l'esprit qu'il convient de rechercher. Au-delà de la question du dopage, interrogeons-nous sur la culture de la performance – un culte qui a ses adorateurs, ses temples et ses guérisseurs, un culte qui place la performance au-dessus de la santé et déshumanise toujours un peu plus le sport.
Le dopage est non seulement une tricherie, mais aussi une tyrannie : celle du dépassement sans fin de la performance physique. N'ayons pas peur de le dire, cette pratique est révélatrice d'une société qui, malheureusement, se pense sous un angle technique plus qu'esthétique – si par esthétique on entend le beau, l'harmonie d'une pratique, une santé renouvelée, une confiance retrouvée. Le dopage est un témoin silencieux des difficultés que nous éprouvons dans nos sociétés de la sur-performance, raison pour laquelle il déborde largement dans d'autres secteurs. Je pense à certains étudiants qui y recourent pour leurs examens, à certains musiciens lors de longues tournées et à de nombreux autres professionnels dont on demande le dépassement et qui emploient des procédés comparables afin d'augmenter leur efficacité intellectuelle.
Je conclurai par cette formule de Goethe : « Celui qui reconnaît consciemment ses limites est le plus proche de la perfection. »