Les liens historiques entre l'Afrique et la France en pâtiront-ils ? Que nenni, car bien que cet accord distende leurs liens monétaires, il ne les coupe pas tout à fait. En effet, s'il prévoit que la monnaie des pays concernés se nommera désormais eco, et que le dépôt d'une partie des réserves de la BCEAO auprès du Trésor français ne sera plus nécessaire, les autres fondements de l'architecture restent inchangés. Ainsi, la garantie française sera maintenue, de même que la parité fixe avec l'euro, la convertibilité et la libre transférabilité de l'eco.
L'objectif poursuivi par cette nouvelle organisation est de favoriser l'intégration des autres États membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest – CEDEAO – qui compte, outre les pays de l'UMOA, le Cap-Vert, la Gambie, la Guinée, le Liberia, la Sierra Leone, et enfin et surtout le Ghana et le Nigeria. L'ambition affichée par la CEDEAO en matière monétaire est en effet la création d'une monnaie commune unique que l'on appellera ici l'eco CEDEAO.
Si l'autonomisation monétaire des pays de l'UMOA et de la CEDEAO constitue bel et bien l'affaire des États souverains qui les composent, la situation suscite une série de préoccupations.
Celles-ci portent tout d'abord sur la place qu'occupent certains pays dans la nouvelle organisation, à commencer par le Nigeria. Ce dernier, avec 200 millions d'habitants, soit 60 % de la population régionale, représente 66 % du PIB de la CEDEAO, notamment en raison de la manne pétrolière.