Cependant, nous émettons des réserves importantes.
J'ai déjà évoqué la première dans mon explication de vote sur la motion de rejet : le processus a été trop rapide. L'idéal aurait été d'attendre un peu pour impliquer la CEDEAO, qui réunit l'UMOA et sept autres pays, afin d'appliquer une réforme globale. La CEDEAO avait commencé à réfléchir au sujet, elle est à l'origine de l'eco. Depuis la visite du président Macron, tout s'est précipité, et seule une partie des pays concernés changera de monnaie ; les autres disent clairement qu'ils ont été court-circuités. Leur réaction est juste et légitime : cela ne se fait pas si l'on veut un accord global accepté de tous. J'ajoute que le Nigeria, pays le plus puissant du secteur, avec 200 millions d'habitants et du pétrole, souhaite un panier de monnaies susceptible de fluctuer. Or jamais l'accord n'évoque la puissance de ce pays, ni le déséquilibre qu'elle pourrait un jour impliquer.
Deuxièmement, notre groupe s'inquiète de la parité fixe et de la garantie de convertibilité. À qui profiteront-elles ? D'évidence, elles favoriseront les grands groupes industriels, ainsi que certains individus, qu'on appelle – bêtement, selon moi – les élites africaines. C'est très ennuyeux. Ici, nous avons récemment balayé une semblable doxa budgétaire d'un revers de covid-19. En l'imposant à des pays en développement, pauvres, on peut plomber leur croissance, pourtant indispensable, comme l'emploi. Adosser à des pays qui ne sont pas riches une monnaie très puissante ne sert pas leur développement.
Au regard du poids de l'histoire, le groupe Socialistes et apparentés estime que cette réforme est excellente, même si elle aurait dû être menée plus largement – j'espère qu'elle sera étendue. Concernant la politique financière, nous sommes bien plus mitigés : les deux critères de parité fixe et de garantie de convertibilité nous inquiètent fortement, car ils peuvent freiner les économies de pays en développement.
Aussi avons-nous choisi de nous abstenir.