Cet après-midi, je suis allé à la manifestation des restaurateurs, à côté de l'Assemblée. M. Jacques Cattin et moi y sommes restés presque deux heures côte à côte. J'ai été frappé par le nombre des participants, et par la grande dignité de ces hommes et femmes, peu habitués des manifestations – les trois quarts au moins de ceux à qui j'ai parlé m'ont dit qu'ils n'avaient jamais manifesté. J'ai été très heureux de ne pas voir de black bloc. Je ne sais pas qui a pris des décisions en la matière, mais on respire mieux quand ils ne sont pas là. J'espère qu'un jour une commission d'enquête nous apprendra qui ils sont et pour qui ils travaillent.
Les restaurateurs, donc, n'ont pas l'habitude de manifester ; ils se sentent non accablés, mais sont attristés car on parle d'eux, mais ils n'en voient pas les résultats. En outre, les fermetures sont prolongées, comme le soulignait M. Coquerel. Aux restaurateurs se joignaient les commerçants des cafés-tabacs, des instituts de beauté, et même quelques agriculteurs. Vous citiez à l'instant tous les millions distribués à la culture, mais je ne sais pas où ces millions sont allés : je ne dois rencontrer que des gens qui se débrouillent mal, car personne encore ne m'a dit avoir été dédommagé, ni avoir reçu de l'argent. Pourtant, nos compatriotes sont de bon sens et de bonne foi. Malgré la difficulté, ils font preuve de beaucoup de compréhension, mais il faut absolument montrer que nous entendons les messages qu'ils nous adressent, car beaucoup ont l'impression que nous ne les comprenons pas.