Au pied levé, une mission bicamérale composée de deux députés et de deux sénatrices a vu le jour, coordonnée par son président Cédric Villani, que je salue. Elle a présenté hier un rapport d'étape, qui permet d'apprécier le long chemin restant à parcourir pour réussir la stratégie vaccinale que vous venez de présenter.
Cette stratégie s'appuie sur plusieurs éléments liés à la connaissance du virus et de la maladie. Nous savons maintenant que le taux de létalité varie principalement en fonction de l'âge et qu'il atteint en moyenne 8 % pour les personnes âgées de plus de 80 ans. Dès lors, la recommandation de la HAS consistant à procéder à une vaccination progressive, par phases, en priorisant les publics âgés ou fragilisés par des facteurs de morbidité, apparaît raisonnable.
Un élément nuit cependant à la bonne compréhension par nos concitoyens – et par les parlementaires – des décisions prises. Il s'agit de la multiplicité des cellules et autres conseils de sécurité, qui opacifie la prise de décision au lieu de simplifier la coordination. Qui prend les décisions, monsieur le Premier ministre ? Sur la base de quels conseils ? Quel est le degré de transparence du processus ? Comment les différents organismes de conseil et d'expertise qui vous accompagnent dans la prise de décision coexistent-ils ? L'articulation de toutes ces structures ne semble pas très lisible, ni pour les parlementaires ni pour nos concitoyens. Il apparaît donc nécessaire de clarifier les rôles et les missions de tous ces organismes et d'en rendre la lecture intelligible pour les Françaises et les Français.
La bonne performance de la chaîne logistique est une condition majeure de la réussite de la stratégie vaccinale. Le défi sera extrêmement ardu, dès la première phase de vaccination, au vu des contraintes de transport et de manipulation du vaccin disponible. Si le message officiel se veut rassurant, nous manquons de précisions sur les modalités pratiques qui seront adoptées, notamment concernant la logistique du dernier kilomètre. Les Français ont besoin d'informations précises, à l'échelle nationale, mais aussi régionale et locale, sur le stockage et la distribution des vaccins, ainsi que sur le respect des conditions de conservation des lots.
Les vaccinations, qui devront rester optionnelles et n'intervenir qu'après le recueil du libre consentement des personnes, devront s'appuyer, vous l'avez dit, sur les professionnels de santé de proximité, qui entretiennent une relation privilégiée de connaissance et de confiance avec leur patientèle. Encore faudra-t-il que ces professionnels disposent des informations nécessaires sur le vaccin proposé, ce qui n'est pas le cas pour l'heure.