Intervention de Emmanuelle Anthoine

Séance en hémicycle du mercredi 16 décembre 2020 à 15h00
Stratégie vaccinale contre la covid-19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Anthoine :

J'aimerais à mon tour appeler votre attention sur les enjeux que recouvrent les modalités de déploiement de la vaccination dans le cadre de la lutte contre la covid-19.

La première question qui se pose est celle des délais d'approvisionnement. D'après vos indications, monsieur le Premier ministre, le Gouvernement projette de vacciner 1 million de personnes dans les EHPAD dès la fin du mois de décembre et en janvier, puis 14 millions de personnes vulnérables à partir de février. Or nous sommes de nouveau confrontés au problème que nous avons connu lors du premier confinement pour l'approvisionnement en masques ou en tests : un nombre limité de producteurs doit fournir le monde entier. La concurrence que se livrent les pays pour un bien aussi vital est de nature à limiter le nombre de doses que la France pourra acquérir à court terme.

Les mois de janvier et de février ne sont pas un horizon très lointain : en réalité, c'est demain. L'annonce du retard pris par le vaccin franco-britannique développé par Sanofi et GlaxoSmithKline suggère que d'importantes tensions risquent d'affecter l'approvisionnement en vaccins dans des délais brefs. En effet, ces deux fournisseurs ne pourront proposer des doses qu'à partir de la fin de l'année 2021.

J'en viens à mon deuxième point : le déploiement de la stratégie de vaccination au niveau local. Le Gouvernement tiendra-t-il sa promesse d'associer les collectivités territoriales à la gestion de la crise ? Les acteurs locaux sont prêts à mettre en oeuvre la campagne vaccinale sur le terrain. Ce n'est d'ailleurs qu'au niveau des territoires que l'accès aux vaccins pourra être garanti à l'ensemble des Français, grâce à l'action, entre autres, des collectivités et des professionnels de santé de ville, ainsi qu'à l'installation de centres de vaccination. Le Gouvernement va-t-il enfin accorder une réelle confiance à ses partenaires, lesquels sont déjà opérationnels partout dans le pays ?

Je souhaite aborder un troisième point, et non des moindres : le suivi des personnes vaccinées. La campagne de vaccination ne doit pas se limiter aux injections du vaccin ; elle doit être prolongée par un réel suivi des personnes vaccinées, par une surveillance de cohortes. Il s'agira d'un élément important pour assurer la confiance de la population à l'égard du vaccin. Ce suivi sur longue période doit permettre de vérifier l'efficacité du vaccin et l'absence d'effets secondaires. Il nous offrira les données essentielles pour garantir la réussite de la stratégie de lutte contre la covid-19 en même temps que l'adhésion de la population à la campagne de vaccination. À cette fin, le Gouvernement doit préciser les modalités qui permettront l'accès à un suivi médical après une vaccination.

Dans ces circonstances, le Gouvernement peut-il nous assurer qu'il proposera l'accès à la vaccination à un quart de nos concitoyens dès les premiers mois de l'année 2021 ? Il faudra très probablement attendre la fin du printemps 2021, voire la fin de l'été, pour que notre pays bénéficie d'une couverture vaccinale suffisante pour enrayer l'épidémie.

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