Mais de vos interventions, j'ai compris que le peuple français est évidemment inquiet. Nous le savons, il n'a jamais été un grand fanatique de la vaccination – et ce, vous l'avez dit, bien avant la survenance de la crise de la covid-19. En restaurant une forme de confiance, qui s'est sinon perdue, du moins altérée, il est à notre portée de lui faire comprendre le fondement des mesures difficiles que nous prenons. En faisant appel à son bon sens et en regardant ce qui se passe dans tous les pays qui nous entourent, il peut, au fond de lui-même, comprendre qu'il est dans son intérêt de se faire vacciner.
Cela relève de l'intérêt individuel des personnes, mais aussi, comme cela a été dit par plusieurs d'entre vous et parce qu'il s'agit d'un acte de solidarité, de l'intérêt des autres. Au fond, ce sont un peu les mêmes sentiments qui devraient nous habiter lorsque nous respectons les gestes barrières, ou lorsque nous ferons l'effort, lors des fêtes de fin d'année, de ne pas nous retrouver en grand nombre dans des lieux secrets pour, certes, passer un bon moment, mais qui contribuera ensuite à la propagation du virus. Je le répète, il s'agit d'actes de responsabilité individuelle et collective.
Certains, probablement pas sur tous les bancs, voudraient que l'État soit une nouvelle fois responsable de tout. J'ai souvent eu l'occasion de dire dans cet hémicycle qu'il doit exercer ses responsabilités. Je crois en l'État et l'ai toujours dit, dès ma déclaration de politique générale. J'y crois d'autant plus lorsque nous sommes en crise : si l'État a vraiment un rôle à jouer, c'est bien dans les moments historiques où la nation est affaiblie. Et ne l'est-elle pas, et comment, depuis plusieurs mois ?
Je vous remercie donc, mesdames et messieurs les députés, de cet esprit de responsabilité, dont je ne doute pas qu'il perdurera. Je ne doute pas davantage que vous continuerez à exercer votre rôle de contrôle de l'action gouvernementale, d'exigence à l'endroit de ceux qui sont en responsabilité.
Je forme néanmoins le voeu, près de six mois après mon entrée en fonction, que nous agissions dans un esprit de consensus minimum. Vous le savez bien, l'image que nous renvoyons à nos concitoyens est également nécessaire pour réussir le formidable défi de la vaccination collective.
Par ailleurs, j'ai apprécié que vous rappeliez que face à cette crise survenue en ce début de XXIe siècle, alors que dans le monde occidental, nous nous croyions peut-être invincibles, la médecine et la science, vues comme toutes puissantes et qui se sont retrouvées quelque peu acculées, se sont rebiffées. C'est un élément de fierté collective. La science a mis les bouchées doubles pour élaborer ces vaccins avec des techniques innovantes, au point d'ailleurs de susciter le doute et de poser des questions – mais c'est bien le rôle de la science. En France comme ailleurs, les pouvoirs publics ont beaucoup contribué à cette accélération de la recherche.
Ainsi nous trouvons-nous devant un moment d'espoir. Il s'agit pour nous d'un rendez-vous exigeant, car il ne faut pas rater ce virage. Comme je vous l'ai expliqué, ainsi qu'Olivier Véran avec encore davantage de précision, notre stratégie va s'affiner, s'adapter. Vous avez bien compris que tous les vaccins ne sont pas les mêmes et que, par conséquent, la logistique pour parvenir à leur distribution sera nécessairement différente et évolutive ; mais cela se fera dans le respect des principes que je vous ai rappelés dans mon propos introductif et que je n'ai pas entendu invalider dans vos interventions successives, à commencer par celui de la transparence. Le Gouvernement va encore accroître ses efforts de transparence au cours de cette nouvelle phase de gestion de l'épidémie : même si je considère que nous en avons toujours fait, il faut savoir écouter les critiques. Nous progressons, comme nous devons tous et toujours le faire collectivement.
Olivier Véran l'a évoqué, et d'autres aussi parmi vous, mais je n'ai pas encore traité d'un élément de cette crédibilisation, corollaire de la sécurité sanitaire et de la transparence : la pharmacovigilance. Il faudra en effet, certains intervenants l'ont dit avec raison, mettre en place des suivis des personnes vaccinées dans le cadre de dispositifs de pharmacovigilance encore renforcés, évidemment, par rapport à ceux qui existent pour les vaccinations habituelles.