Nous y sommes enfin : après plusieurs mois de travaux intenses, nous arrivons au terme de l'examen du projet de loi de finances pour 2021. Le groupe Socialistes et apparentés votera contre, vote sans surprise, compte tenu des idées que nous avons défendues, sans succès hélas.
Il nous semble que les mesures de ce PLF sont insuffisantes pour répondre à la crise sociale qui gronde et pour faire face à l'impérative transformation écologique qui n'est plus une option.
Le chef de l'État a annoncé au début de cette semaine sa volonté d'organiser un référendum pour introduire les notions de biodiversité, d'environnement et de lutte contre le réchauffement climatique dans l'article 1er de notre constitution. Dont acte. Nous sommes évidemment favorables à cette mesure mais, quitte à faire preuve de courage politique, pourquoi ne pas aller plus loin et demander aux Français de se prononcer pour ou contre la paix dans le monde, pour ou contre l'éradication de la pauvreté, pour ou contre les maladies ? Ce référendum sans enjeu illustre de la manière la plus cynique le fait que vous ne proposez aux Français qu'une écologie de façade.
On en trouvera une démonstration complète dans ce PLF : tous nos amendements visant à lutter contre le réchauffement climatique ont été rejetés par la majorité. Les exemples sont nombreux. Nous avons proposé de conditionner les aides aux entreprises figurant dans votre plan de relance à des critères écologiques mais vous l'avez refusé. Nous avons proposé une prime climat destinée à éliminer les passoires thermiques en dix ans, vous l'avez refusé, préférant muscler le dispositif MaPrimeRénov', lequel ne permettra malheureusement pas de massifier la rénovation. Nous avons proposé d'introduire un critère de poids du véhicule dans le malus automobile, conformément aux propositions de la convention citoyenne pour le climat, vous l'avez refusé, tout en adoptant une taxe sur les véhicules pesant au moins 1,8 tonne – la belle affaire ! : la quasi-totalité des véhicules en sera exclue.
Malheureusement, nous ne sommes pas surpris. En matière écologique, au-delà des proclamations et des engagements solennels, votre bilan est marqué du sceau du renoncement. Depuis le début de la législature, votre priorité, ce sont les entreprises, surtout les grandes, et dans ce PLF, leur sont consenties des aides massives, reconnaissons-le, mais sans aucun ciblage. Dix milliards de cadeaux tous les ans : le MEDEF est ravi !
La crise de la covid-19 nous rappelle à quel point il est essentiel d'avoir un État en ordre de marche, un État fort. Là encore, on ne peut que constater l'absence de mesures destinées à consolider nos services publics, en particulier hospitaliers et médico-sociaux.
La grande oubliée des textes financiers que nous avons examinés cette année reste la jeunesse. « C'est dur d'avoir vingt ans en 2020 » : le chef de l'État est lucide mais que fait-il pour répondre au désespoir des jeunes ? Quel avenir leur promet-il ? Nous avons été sur cet enjeu force de proposition depuis plusieurs mois. De très nombreux jeunes ont du mal à se nourrir, à se loger, bref à survivre. Il y a ceux qui peuvent compter sur le cercle familial mais il y a aussi tous ceux qui n'ont pas cette chance. Ceux-là ont perdu leur job d'étudiant, ont fini leurs études mais ne trouvent pas d'employeur et ne trouvent pas plus de stages ou d'entreprises pour suivre une alternance ou un apprentissage. Que faites-vous pour eux ? Rien. Toutes nos propositions pour aider la jeunesse ont aussi été rejetées.
Le Président de la République refuse d'étudier la possibilité d'ouvrir le RSA – revenu de solidarité active – aux jeunes de moins de vingt-cinq ans pendant la crise. La garantie jeunes, les bourses ou même la gratification liée au service civique sont totalement insuffisantes face à l'ampleur de la crise économique et sociale à laquelle est confronté le pays, et le jeunesse en particulier.
Ma famille politique proposera, lors de sa niche parlementaire de février, d'ouvrir un débat sur le minimum jeunesse, autour du projet AILE(S) – aide individuelle à l'émancipation solidaire. J'invite les journalistes qui nous regardent à en prendre connaissance et à s'en faire l'écho auprès de nos concitoyens ; il est en ligne jusqu'au 20 décembre sur le site internet Parlement & citoyens.
J'aborderai, pour conclure, le financement de la crise. Une dette faramineuse est laissée à la jeunesse, tandis que ceux qui continuent d'engranger des rentes et des dividendes, non seulement ne sont pas appelés à faire un effort supplémentaire – bien au contraire ! – , mais voient aussi leurs impôts baisser ; quelle erreur !
Enfin, je tiens à remercier nos assistants, les collaborateurs des groupes et du Gouvernement, ainsi que les fonctionnaires de la commission des finances et de la séance, pour la qualité de leur travail et leur disponibilité sans faille.