… mais également de tout ce qui, autour des oeuvres, peut constituer la mémoire historique alimentant la pensée et la création, et permettant à chaque peuple de mieux se connaître et de mieux se comprendre.
La restitution des oeuvres est donc primordiale et salutaire. C'est une première étape pour établir ce que M. Felwine Sarr, coauteur du rapport sur la restitution du patrimoine africain, appelle « une nouvelle éthique relationnelle entre l'Occident et l'Afrique basée sur le respect mutuel et la réciprocité ».
Vous le savez, le groupe GDR exprime, depuis de nombreuses années, sa volonté de voir le mouvement de restitutions s'amplifier. Cela suppose de poursuivre le travail mené par l'UNESCO ainsi que par nos musées pour garantir la protection de ces oeuvres dans le domaine public et leur accessibilité à tous les peuples qui y sont attachés. Il faut, pour cela, s'assurer d'une coopération en bonne et due forme avec les États qui prennent part à cette entreprise. Nous considérons en outre que le mouvement de retour de biens doit s'accompagner d'une lutte de grande ampleur contre le trafic international d'oeuvres d'art, afin de de manquer son but.
Par ailleurs, les restitutions ne sont qu'un point de départ. Selon le philosophe Achille Mbembe, « l'Europe [… ] a pris des choses [à l'Afrique] qu'elle ne pourra jamais restituer » et, « pour que des liens nouveaux se tissent, elle devra honorer la vérité, car la vérité est l'institutrice de la responsabilité ». Aussi, je veux insister sur la nécessité de faire la lumière sur toutes les histoires des oeuvres restituées ou conservées dans nos musées. Nous devons savoir et dire dans quelles conditions chacune a été prise, par qui, dans quel contexte, et quels discours historiques ont été construits à son sujet. Cela appelle à poursuivre le travail de nombre de nos musées, à réinterroger la manière dont l'histoire y est construite et dont elle est transmise, afin de nous permettre de poursuivre la décolonisation de nos pensées et de mieux nous connaître.
Bénédicte Savoy, coauteure du rapport sur la restitution du patrimoine africain, s'exprimant en 2018 à propos du nécessaire travail de vérité et de ce qu'il produit sur nous, invitait à s'intéresser non seulement à la signification d'une oeuvre mais également au contexte dans lequel elle a été acquise. Cela ne signifie pas repentance, mais savoir ; et le savoir de soi-même, c'est le but de l'avenir.
Je ne retire rien des mots de plusieurs collègues qui ont affirmé, au cours de l'examen du texte, que les parlementaires ne doivent pas seulement être associés aux restitutions, mais en être les acteurs en permanence. C'est essentiel et il faudra s'en assurer dans l'avenir.
Nous sommes évidemment favorables au texte et nous voterons pour. Si la route de la décolonisation reste longue, le vote de ce matin constituera un pas dans le rétablissement de relations internationales plus équilibrées.