Monsieur le ministre des solidarités et de la santé, le 13 octobre dernier, je vous ai interrogé sur la stratégie vaccinale de la France, alors que se profilait l'arrivée de deux vaccins avant la fin de l'année aux États-Unis et que le gouvernement britannique avait déterminé la sienne.
Je craignais alors des retards en France. Vous m'aviez répondu que tout était prêt, tenant ma question pour une vaine polémique. C'était une alerte que vous refusiez d'entendre.
Vous étiez bien en retard, vous le demeurerez gravement et longtemps alors que le second confinement n'a pas atteint son objectif de 5 000 contaminations par jour, que le déconfinement demeure incertain dans sa méthode et ses effets, et que le Premier ministre n'exclut plus un troisième confinement.
Une course contre la montre est engagée devant la menace des variants anglais et sud-africain. Pressé de toutes parts d'accélérer, vous aurez, dites-vous, vacciné un million de Français à la fin du mois de janvier. Aujourd'hui même, 2,3 millions de Britanniques ont été vaccinés.
Ce retard a un coût économique, social et, surtout, humain considérable. Ce matin, lors de votre audition devant la commission des affaires sociales, vous nous avez assuré, avec la même assurance que pour les masques et les tests, que tout était OK, qu'il n'y avait pas de problèmes de logistique, d'approvisionnement, d'acheminement ou de disponibilité des soignants.
Pourtant bien des questions demeurent. Pourquoi ne pas avoir anticipé les consentements ? Pourquoi ne pas avoir engagé une communication grand public ? Pourquoi seulement 10 à 15 % du million de doses reçues ont été administrées ? Pourquoi ne pas avoir encore autorisé les médecins à vacciner ? Pourquoi la stratégie d'approvisionnement concernant le vaccin de Moderna était-elle encore en cours de définition il y a trois jours.
Monsieur le ministre, si vous ne deviez répondre qu'à une seule de ces questions, face à la montée en charge que vous annoncez, dites-nous quel est le nombre actuel de vaccinateurs disposant de doses, d'aiguilles et de patients consentants ?
Nous ne rattraperons pas notre retard, mais pouvez-vous nous dire comment nous pouvons encore gagner la course contre la pandémie et éviter un nouveau confinement ? Le vaccin est notre meilleur espoir.