J'associe ma collègue Anne Brugnera à cette question qui s'adresse à Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.
La crise sanitaire, que nous traversons depuis bientôt un an, bouleverse profondément le fonctionnement des universités et la vie de nos quelque 2,5 millions d'étudiants. Aussi, souhaitons-nous vous alerter sur la précarité et la détresse psychologique des étudiants de France, au moment où la tentative de suicide de l'un d'entre eux a une résonance très forte au sein de la communauté universitaire.
Depuis le début de la pandémie de covid-19 et les confinements successifs, la détresse de nos étudiants a atteint un niveau très élevé.
La mise en sommeil nécessaire d'une partie de l'économie a réduit la possibilité de jobs d'étudiant et précarisé nombre d'entre eux.
Le confinement, vécu pour certains dans des chambres universitaires exiguës et loin de leurs familles, a accentué leurs difficultés.
Confrontés au tout distanciel, à l'absence de loisirs et de rencontres amicales, privés de sport et parfois de travaux dirigés – qui sont pourtant possibles – , les étudiants se sont très rapidement sentis esseulés et sans repère.
Les décrochages sont nombreux et la détresse psychologique grandissante. À l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence, par exemple, le nombre des rendez-vous avec la psychologue a augmenté de 100 %.
Les étudiants sont soumis à une forte pression quant au succès de leurs études, l'obtention d'un diplôme, la réussite d'un concours, dans un contexte où leurs conditions de travail sont extrêmement dégradées et les problèmes d'accès au numérique très nombreux.
Ils sont inquiets pour l'organisation de leur second semestre, pour les résultats de leurs partiels et, plus largement, pour leur avenir dans un monde en crise où ils se sentent oubliés et dans lequel ils ne peuvent se projeter.
Le Gouvernement a pris des mesures dès le début de cette année universitaire, mais il faut aller plus vite et plus fort pour lutter contre la précarité et l'isolement de ces jeunes.
Madame la ministre, envisagez-vous une reprise rapide des cours en présentiel et éventuellement des activités sportives et culturelles universitaires ?
Pouvez-vous préciser le calendrier d'embauche des 20 000 tuteurs et des 1 600 référents jeunes ?
Pourriez-vous accroître de 80 à 160 le nombre des recrutements prévus de psychologues en service de santé universitaire ?