La preuve ? Au sein du Conseil scientifique comme du conseil de défense, il n'y a pas un seul expert, pas un seul médecin, pas un seul statisticien qui travaille sur la santé mentale. Cela démontre indéniablement que les dépressions, les idées suicidaires et le mal-être psychique ne pèsent pas dans la balance et ne comptent pas dans les décisions du Gouvernement.
Et de quelles décisions s'agit-il ? Comme si cela allait de soi, vous avez fermé les amphis, les facultés et les universités à l'automne. Les profs se débrouillent avec Zoom, font de la visioconférence : le numérique, c'est l'avenir ! Qu'ils s'y mettent enfin, ces ringards ! C'est l'occasion de moderniser et de massifier pour pas cher.
Les usines tournent. Les sites d'Amazon tournent. Ici, l'hémicycle de 577 personnes tourne. Mais les autres amphis du pays, eux, doivent fermer. Pourquoi ? Après quelles discussions ? Il n'y a eu aucune discussion !
Où la doctrine du Gouvernement – pour reprendre la terminologie qu'il utilise – est-elle débattue, discutée, votée ? Nulle part. Ni ici, ni ailleurs. Où remet-on en question le fait d'enfermer les jeunes pour protéger les plus âgés ? Ni ici, ni ailleurs. Où examine-t-on l'hypothèse de mesures ciblées sur les personnes plus fragiles et plus exposées, plutôt qu'un confinement généralisé et un pays mis à l'arrêt ? Ni ici, ni ailleurs.
Je ne suis pas ici pour pleurnicher, mais pour formuler une demande claire, nette et précise : rouvrez les amphis ! Rouvrez les amphis ! Rouvrez les amphis ! Décidez-le tout de suite et faites-le très vite ! Si vous décidez de reconfiner le pays, vous reconfinerez aussi les étudiants. Vous les reconfinerez avec les entreprises. Vous les reconfinerez avec les lycées, avec les collèges, avec les écoles. Vous les reconfinerez comme toute la nation. Mais ne faites pas de loi d'exception contre eux !
Ma demande est de bon sens, mais vous n'en ferez rien, et je veux dire pourquoi. Pourquoi, depuis un an, assiste-t-on à l'enfermement des jeunes et à leur mort sociale ? La réponse est simple : ils ne votent pas ou peu. Ils ne sont pas, ou peu, organisés. Ils ne protestent même plus.
« S'il ne fait aucun doute que des révoltes ont existé, ce qui appelle manifestement une explication, c'est plutôt le fait qu'elles n'aient pas été beaucoup plus fréquentes », écrivait Max Weber. Oui, j'espère, j'aspire, à une révolte des jeunes. Que leur vitalité se répande en cris, en manifs, plutôt qu'en une résignation mortifère, solitaire. Oui, je préférerais qu'ils prennent la rue plutôt que du Xanax.