Une génération sacrifiée, c'est ce qu'il nous faut éviter à tout prix à cette jeunesse qui, éprise de liberté, ne peut vivre pleinement le temps de l'insouciance. Or, depuis un an, la covid-19 et la crise sanitaire ont bouleversé la vie des étudiants, plongeant certains d'entre eux dans une grande détresse psychologique et matérielle.
Préoccupés par certaines situations, plusieurs professeurs de la Sorbonne ont même saisi le Conseil d'État pour demander une réouverture anticipée des universités et éviter les désastres psychologiques.
Démoralisés, les étudiants sont de plus en plus nombreux à décrocher et à abandonner. Dans certaines facs, le taux de connexion aux cours à distance est passé de 70 à 30 %. Plus la reprise tardera et plus les dégâts risquent d'être importants, craignent aussi les présidents d'université, qui tablent, pour la plupart, sur une reprise de l'ensemble des cours en présentiel le 1er février, si la situation sanitaire le permet.
Alors que, dans de nombreuses facs, cette semaine est consacrée aux examens de fin de semestre, organisés en présentiel ou à distance, la colère prend le pas sur l'inquiétude à certains endroits. Anxieux pour leur santé, isolés dans des logements exigus ou obligés de retourner chez leurs parents, livrés à eux-mêmes en raison des contraintes sanitaires, déprimés, certains jeunes sont, en outre, confrontés à des difficultés financières. Privés de leurs jobs avec la crise économique, les étudiants ont grossi les rangs des bénéficiaires des associations d'aide aux plus démunis. Avec un taux de chômage qui a augmenté de 16 % pour les personnes âgées de 18 à 24 ans en 2020, la précarité progresse.
Des mesures ont été prises, mais sont-elles suffisantes ? Certaines vont dans le bon sens, d'autres apparaissent sous-dimensionnées ou complexes. Il y a en tout cas urgence à proposer un véritable soutien psychologique.
Mais au-delà de cette crise et des réponses ponctuelles, il apparaît nécessaire d'élaborer un véritable plan pour la jeunesse, autour de valeurs comme le mérite, les droits et les devoirs, tout en privilégiant la formation, la mobilité et l'adaptabilité.
Madame la ministre, j'aimerais avoir votre avis en la matière et j'espère que votre irritation ne traduit pas votre malaise face aux résultats très mitigés de votre plan.