Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mardi 4 juillet 2017 à 15h00
Déclaration de politique générale du gouvernement débat et vote sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

…des 31 000 enfants sans domicile fixe, des 2 000 morts dans la rue et des 2,5 millions d'illettrés dans la grande et splendide France. Comment cela est-il possible ? N'est-ce pas là l'urgence des urgences ?

Coup de force encore, cette fois-ci contre l'ordre démocratique du pays : vous pensez bouleverser tout le régime des libertés individuelles en moins d'un mois. Vous avez décidé de transposer dans le droit ordinaire les dispositions de l'état d'urgence. Le président de la République lui-même a dit qu'il fallait libérer le pays des contraintes de cet état d'urgence. Mais alors pourquoi le faire entrer dans la loi ordinaire ? On nous promet que cela sera réservé aux terroristes ; mais, vos prédécesseurs disaient de même ! Or, 80 % des mesures effectives de privation de liberté prises dans ce cadre l'ont été contre des syndicalistes et des militants écologistes.

Pourquoi croire qu'il puisse en aller autrement dorénavant ? Nous vous le redisons : l'état d'urgence permanent inscrit dans la loi ordinaire, c'est la victoire de l'ennemi, à la fois parce qu'il prend toute la société en otage par sa violence, mais aussi parce qu'il lui injecte ce recul des libertés qui constitue le coeur de son projet et le contraire du nôtre sur tous les bancs.

Coup de force en vue encore quand le président de la République menace les assemblées d'un plébiscite, si elles refusent de voter la réduction du nombre des parlementaires qu'il souhaite – sans nous expliquer pourquoi, d'ailleurs. Moins de députés, ce serait plus de démocratie ? Ah, bon ? Quoi ? C'est trop de deux sièges en Ariège ? Il y en avait cinq sous l'Ancien régime ! Je vous mets en garde contre la démagogie antiparlementaire et l'instillation d'une méfiance généralisée contre les élus.

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