Oui, la catastrophe sanitaire exige encore de la part de tous des efforts pour freiner l'épidémie, pour protéger les plus vulnérables et par respect pour les familles endeuillées, pour les malades et les convalescents, et pour les soignants. Les Français font preuve d'une résilience exceptionnelle mais il y a danger à ne pas entendre la fatigue, la grogne de ceux dont la vie sociale est réduite à presque rien, ceux qui n'ont plus l'impression de vivre que pour se rendre au travail, et qui en sont à s'angoisser d'avoir du temps libre pour le remplir de leur isolement. Je pense évidemment aux jeunes et aux étudiants qui, alors qu'ils voulaient s'émanciper, sont parfois contraints de retourner dans leurs familles. Je pense aussi aux personnes de moins de trente ans qui sont empêchées de construire leur vie d'adulte.
En réalité, tous les Français s'imposent solidairement des privations de liberté pour combattre ensemble le virus. Mais jusqu'à quand l'accepteront-ils ? Alors que le vaccin existe, prenons garde à ne pas donner le 31 décembre 2021 comme seul horizon, car le seuil de consentement risque de diminuer à mesure que les jours s'allongent. Les jours ajoutés à la vie depuis bientôt un an doivent céder peu à peu le pas pour redonner de la vie aux jours. Ne donnons pas l'impression qu'on veut les maintenir masqués ou confinés un an de plus. Sinon, redoutons la colère de ceux, en particulier ceux qui sont les moins exposés à la maladie, qui refuseront d'entendre et d'attendre jusqu'au 31 décembre.
Vous êtes dans votre rôle, monsieur le ministre, pour préserver la santé des Français. Nous, parlementaires, sommes dans le nôtre en nous faisant devant vous l'écho du sentiment du peuple, qu'il s'agisse de son adhésion ou de son exaspération croissante.
Ma position sur l'article 1er est strictement personnelle. Pour obtenir l'adhésion de nos concitoyens, il me paraît inopportun de fixer la date de caducité du régime juridique de l'état d'urgence sanitaire au 31 décembre. L'état d'urgence conditionne nos vies ; tant qu'il durera, nous n'apprendrons pas à vivre avec le virus.