car d'une part sa lettre sera forcément ridicule et, d'autre part, il revient à imposer aux Français une allégeance dont on les avait dispensés jusque-là.
La République n'a pas besoin qu'on lui prête serment, mais que l'on respecte ses lois, et si elles ne sont pas bonnes, on les change. Or, rien dans la législation ne s'oppose aux objectifs que vous affirmez poursuivre, particulièrement en matière de lutte contre le terrorisme. Par ailleurs, compte tenu des propos que nous entendrons sans aucun doute dans cet hémicycle au cours des quinze prochains jours, permettez-moi de dire que la fraternité non plus n'aura pas fait un grand pas, notamment en direction des musulmans.
Néanmoins, on peut vous attribuer un immense succès : les représentants de toutes les religions s'accordent à dire que votre projet de loi les menace. J'ai lu avec le même plaisir que tous ceux qui connaissent l'histoire de notre pays cette extraordinaire déclaration de la Conférences des évêques de France – écoutez bien, socialistes et communistes, c'est notre apothéose – : « La loi de 1905 est une loi de liberté ». Que ne l'ont-ils dit à l'époque ! « Elle risque, avec ce projet de loi, d'être transformée en une loi de contrôle, de police et de répression. »