En tant qu'orientations politiques issues des profondeurs de l'histoire de France, elles signifient la séparation du politique et du religieux ; sur le plan institutionnel, celle des Églises et de l'État ; en aucun cas un athéisme d'État. Chaque fois que l'on a tenté ici ou là dans le monde, y compris en France, d'instaurer un tel athéisme, de rogner petit à petit tous les textes des religions, ce fut pour s'engager dans la voie de la guerre civile et des violences.
La liberté de conscience ne peut être pleinement respectée que si l'on sépare absolument, radicalement, le débat religieux du débat civil et politique : voilà le fondement de notre action, voilà ce que contient la loi de 1905. Voilà pourquoi, aux seize lois antiterroristes adoptées en trente ans, il était inutile d'en ajouter une, ayant de surcroît la prétention inouïe de fouiller le terreau d'où émerge, paraît-il, le terrorisme. Ce terreau, je vais vous le nommer : c'est l'esprit humain ! Toutes les époques ont eu leurs fanatiques, leurs terroristes, des violents, des gens désireux de se singulariser et qui, en détruisant tout, croyaient se rendre remarquables. Je vois rire le ministre Blanquer : c'est un bon plaisant. Sans doute se souvient-il d'Érostrate, qui, pour être connu, foutait le feu à l'une des sept merveilles du monde. Ce n'est pas d'aujourd'hui, encore une fois, que nous rencontrons de tels individus.
Souvent, la raison voudrait d'ailleurs que nous distinguions entre les uns et les autres. Lorsqu'un drogué notoire, qui n'a pas observé le ramadan, lequel avait lieu huit jours plus tôt, prend le volant d'un camion et assassine près de quatre-vingt-dix personnes à Nice, on parle immédiatement de radicalisation, d'islamisme. Moi, je crois qu'il était fou à lier ! Un acte pareil dépasse les réflexes les plus élémentaires de la raison humaine ! En revanche, lorsqu'un homme prend un fusil pour tirer sur les membres de la communauté musulmane qui sortent de la mosquée de Bayonne, tout le monde dit que l'auteur des faits est un fou – ce qui est indéniable – , et bien que cet homme ait été candidat du Rassemblement national aux élections départementales de 2015, personne ne songe à imputer cet acte au Rassemblement national ! Moi non plus, je ne l'accuse pas !