Nous disposons d'un temps limité pour évoquer un sujet qui demanderait une réflexion politico-philosophique approfondie, aussi poussée que celle qui a présidé aux grandes lois de la République sur la laïcité, la liberté de la presse ou les associations auxquelles nous nous apprêtons à toucher ! Un temps législatif programmé et une procédure accélérée ne sont pas appropriés pour un sujet de l'ampleur de celui que nous nous apprêtons à examiner.
Vous répétez que la commission a débattu pendant cinquante-cinq heures et que nous allons à nouveau débattre cinquante-cinq heures en séance publique, mais convenez que les lois que je viens d'évoquer ont pris bien plus de temps à être élaborées et adoptées. De fait, la réalité historique, géopolitique et sociétale sur laquelle nous devons nous pencher est fort complexe. Pour comprendre l'ensemble des difficultés auxquelles notre République fait actuellement face, il nous faudrait sans doute encore de longues heures de travail.
Monsieur le président de la commission spéciale, si, dans le temps qui vous était imparti, vous avez fait ce que vous avez pu pour organiser de nombreuses auditions, reconnaissez qu'elles ont parfois dû être écourtées. Deux ou trois minutes pour entendre un philosophe, un responsable religieux, un représentant d'association ou un professeur, ce n'est évidemment pas suffisant. Vous avez fait avec les conditions qui vous étaient fixées, mais il aurait été préférable de bénéficier de plus de temps. Rappelons qu'il a fallu trois ans et demi au Président de la République pour nous livrer sa vision du problème ! Un mois supplémentaire n'aurait donc pas été de trop pour nous permettre de débattre de cette vision, la partager ou l'amender.
Si je souligne ce point en préambule, ce n'est pas pour crisper nos échanges, mais pour qu'il soit bien clair que notre intention n'était nullement d'écarter du débat certaines questions. Je le dis, monsieur le président, car l'interprétation excessive qui a été faite de l'article 45 de la Constitution…