J'aimerais que l'on m'explique pourquoi, lorsque nous la proposons, la création d'un délit pénal n'est pas recevable alors qu'elle l'est quand elle est à l'initiative du Gouvernement – je donnerai tout à l'heure un exemple, monsieur le ministre. Nous savons bien que ce n'est pas vous qui appliquez le règlement de l'Assemblée ; en revanche, vous pouvez peut-être nous en libérer en reprenant des idées qui gagneraient à être débattues et pourraient peut-être même vous convaincre !
Toutes les religions arrivées successivement dans notre territoire depuis cent quinze ans ont trouvé leur place dans la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l'État alors même que le texte ne les avait pas prévues. Cette loi permet la coexistence de toutes les confessions dans le respect mutuel et celui des lois générales de la République, qui s'impose à tous. Notre objectif n'est donc pas de réécrire ce texte, pas plus que les autres. En réalité, nous ne sommes pas ici pour parler de la religion en soi, mais pour tenter d'endiguer un phénomène, je dirais même un mal, par lequel quelques individus tentent de déstabiliser la République parce qu'ils considèrent qu'elle ne représente pas leur vision du monde et qu'ils veulent imposer une autre société. Qu'ils le fassent sous le prétexte d'une religion est un fait, mais c'est en vérité une prise d'otages de la religion musulmane et de l'immense majorité des musulmans de notre pays, qui savent très bien que leur religion est compatible avec la République et ses principes.
C'est d'ailleurs si vrai – je vous invite à y réfléchir – que, dans les pays à majorité musulmane, cette religion s'adapte aux institutions et aux lois différentes d'une nation à l'autre. Ce n'est donc pas une religion qui a vocation à s'imposer aux États : elle sait s'adapter à tous, aujourd'hui et à travers les siècles.
Une minorité ne doit donc pas nous conduire à jeter l'opprobre sur le culte et les croyants musulmans quels qu'ils soient. Eux-mêmes refusent de payer le prix des actions de cette minorité et nous demandent de les en protéger. Cette prise d'otages poursuit un but dont chacun doit être conscient dans notre pays, de l'extrême droite à l'extrême gauche : le projet politique islamiste est totalitaire. Il est porté par des gens qui savent bien qu'ils sont en réalité peu nombreux et qu'ils n'ont aucune chance d'imposer la société qu'ils souhaitent par des voies majoritaires ou démocratiques. Leur but est donc de pallier leur faiblesse et leur petit nombre en nous divisant, en nous opposant et en nous poussant à l'affrontement. Ils veulent que la majorité de la communauté nationale finisse par craindre, puis par haïr nos compatriotes musulmans, jusqu'à se séparer d'eux, espérant faire de ceux-ci leurs alliés alors qu'ils se défient d'eux comme de la peste.
Pensez donc, chers collègues, à ceux qui ont des racines en Algérie. La plupart d'entre eux savent bien ce que signifie la guerre civile des islamistes : des centaines de milliers de morts, et souvent dans leur propre famille. Ils savent, mieux que d'autres, combien il faut se méfier de cette peste.
Or c'est l'une des vertus du débat, monsieur Mélenchon, que d'avoir permis à l'ensemble des forces politiques de la nation de réaffirmer à cette tribune qu'il ne fallait pas confondre les musulmans et les islamistes et leur idéologie totalitaire. Les islamistes veulent provoquer une guerre civile pour abattre nos institutions et nos lois. Pour les combattre, pour ne pas tomber dans leur piège, nous devons à la fois détruire le terreau sur lequel prospère leur propagande et combattre toute forme d'expression ou d'action haineuse contre l'autre pour limiter sa liberté, notamment de conscience.
La minorité islamiste fait son lit de la déshérence sociale, lorsque des populations en difficulté sont concentrées dans des quartiers où la promesse républicaine n'est plus tenue. Or la concentration des difficultés dans certains territoires émane du souhait, malheureusement largement partagé au sein de notre pays, que chacun vive entre soi. S'il existe des ghettos de pauvres, chers collègues, c'est aussi parce qu'il existe des ghettos de riches, qui veulent rester entre eux.
Le 05/03/2021 à 15:39, Laïc1 a dit :
Il y a aussi des pauvres qui veulent rester entre eux.
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