Où est la démocratie quand nous nous habituons au fait que seulement 25 % ou 30 % de nos concitoyens votent lors des élections intermédiaires et que nous-mêmes ne représentons plus que 20 % des électeurs inscrits dans nos circonscriptions ? Que la grande majorité de nos concitoyens ne votent plus pour nous, cela pose un problème démocratique qui mine la République et ses principes.
Où est la République sociale quand presque 10 millions de nos concitoyens, soit 15 % de la population, vivent sous le seuil de pauvreté ? Comment oser donner des leçons républicaines quand on laisse se développer ce fléau profondément antirépublicain ?
Où est la République laïque, condition de la liberté de conscience, du droit de croire ou de ne pas croire, garantie de la liberté de culte mais aussi de la liberté de les critiquer ? Après des siècles d'alliance néfaste entre les pouvoirs temporel et spirituel, entre le sabre et le goupillon comme on disait, la laïcité a procédé à une stricte séparation de l'État – chose commune à tous – et des Églises. Clin d'oeil de l'histoire, l'acte de naissance de la laïcité est un acte de séparatisme.
L'État doit veiller à assurer sa neutralité, comme celle de ses représentants et aussi de ses élus – j'y reviendrai. En revanche, il doit laisser les citoyens tranquilles : eux n'ont pas à respecter le principe de neutralité. La laïcité n'est ni l'athéisme ni l'anticléricalisme d'État, attitude encore plus odieuse quand, au nom d'une laïcité mal comprise, on s'acharne contre un culte tout en manifestant de la complaisance envers d'autres. L'État républicain ne doit financer aucun culte.
Ces grands principes sont-ils actuellement respectés ? Hélas, non. Qu'est devenue la grande promesse de 1905 ? Hélas, elle est piétinée. Votre laïcité est souvent à géométrie variable, ce qui ne la rend ni compréhensible ni convaincante aux yeux de millions de nos concitoyens.
Voilà le paradoxe : vous appelez au respect des principes républicains dans l'intitulé de votre projet de loi, mais vous les piétinez par vos politiques économiques et sociales. Il apparaît clairement que vous méconnaissez souvent ce qu'est la laïcité.
Mélange confus de mesures d'affichage et de fichage, votre texte est prolixe sur certaines pratiques que nous condamnons tous et qui sont souvent déjà interdites par la loi, sans s'interroger sur la cause de leur persistance ou de leur développement. À cet égard, tous les collègues qui ont participé aux travaux de la commission spéciale restent sur leur faim en matière de chiffres, de faits partagés, de statistiques : nous savons bien peu sur ces phénomènes sur lesquels nous légiférons.
En revanche, votre texte est silencieux et dénué de courage sur les problèmes terribles qui s'aggravent et qui remettent en cause le respect de nos principes républicains : pauvreté, chômage, dégradation des services publics, école publique abîmée, police sans moyens, systèmes de transport bien souvent de faible qualité dans les quartiers populaires, hôpital et système de santé malmenés. Voilà ce qui remet en cause les principes républicains !
Pourquoi 100 000 enfants sortent-ils chaque année du système scolaire sans aucune qualification ?
Le 05/03/2021 à 15:50, Laïc1 a dit :
"Où est la République laïque, condition de la liberté de conscience, du droit de croire ou de ne pas croire, garantie de la liberté de culte mais aussi de la liberté de les critiquer ? "
Si les incroyants ont le droit de critiquer, de blasphémer la religion, alors, dans une égalité toute laïque, il me paraît raisonnable de penser que les croyants ont le droit de critiquer, de blasphémer la République, l'Etat, pas vrai ?
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