Des adolescents de 13, 14 et 15 ans sont mis en examen pour complicité d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste, à la suite de l'attentat contre Samuel Paty. Certains ont donné des informations contre de l'argent ; d'autres ont fait longuement le guet avec celui qui déclarait vouloir venger le prophète. Ce ne sont que des enfants, des collégiens, et ils ont aidé un terroriste à identifier leur professeur. Ces faits obsédants devraient être au coeur des débats à l'Assemblée nationale.
Jusqu'ici, la France a combattu le terrorisme – c'est le travail remarquable accompli par les magistrats spécialisés, par les services de renseignement, par la police, par la gendarmerie, par tous les fonctionnaires auxquels nous renouvelons notre soutien. Malgré ce combat, la France ne s'attaque pas à l'islamisme politique et à tout ce qui concourt à la radicalisation.
Bien sûr, cette loi n'est pas mauvaise dans son intention – qui peut être contre le projet de conforter les principes républicains ? – mais elle repose sur une erreur de diagnostic. Ce que nous devons affronter n'est pas un séparatisme, mais une idéologie précise, l'islamo-fascisme. Le projet totalitaire de l'islamisme politique ne vise pas la séparation, à « faire bande à part », comme le disait le garde des sceaux. Il vise à instaurer une domination par la manipulation, la menace, la terreur, la force, à faire pression sur tous nos compatriotes de confession musulmane, à soumettre les femmes, à déstabiliser la République.
Ce totalitarisme, nous devons l'affronter idéologiquement. Le combat contre l'islamisme est éminemment politique ; ce n'est pas qu'une affaire de mesures juridiques, aussi perfectibles soient-elle – nous pourrons discuter des dispositions de ce projet de loi, en les prenant une par une.
Ma principale réserve vis-à-vis de ce texte, outre le choix de recourir au temps législatif programmé et d'esquiver les débats, est qu'il cherche un raccourci, un « truc » magique, là où il n'y a d'autre choix que le dur labeur d'une mobilisation générale, à engager avec détermination, constance et cohérence, pour faire de la République une réalité de tous les jours, pour toutes et tous.
C'est l'enjeu déterminant du combat féministe, en premier lieu. C'est la révolte des filles et des femmes qui fera reculer l'islamisme. Où est la cohérence, quand un membre du Gouvernement indique aux lycéennes qu'elles doivent porter une tenue décente, autrement dit qu'elles doivent cacher leurs corps ? La liberté des femmes ne se négocie pas, le patriarcat ne se combat pas à moitié, son héritage doit être aboli en totalité.
C'est l'enjeu de la République des territoires, ensuite, avec les mêmes droits, les mêmes devoirs, les mêmes normes partout. La Nation se résigne depuis des décennies à l'état de fait d'une ségrégation territoriale, abandonnant la population à des logiques identitaires. C'est encore l'enjeu du combat pour l'éducation, pour les sciences, pour la culture, pour l'histoire, contre le racisme. C'est comprendre que l'éducation contre l'antisémitisme est la clé de voûte de la lutte contre tous les complotismes. C'est comprendre enfin que notre jeunesse a besoin d'un autre horizon que celui d'une société vide de sens, menacée par le changement climatique, rongée par un consumérisme destructeur, qui laisse les coeurs vides, dans un monde en proie à des menaces existentielles.
On ne combat pas la barbarie par des mesures techniques, mais par un destin commun, des perspectives collectives nouvelles. Voilà pourquoi, chers collègues, le Parlement s'honorerait à prendre le temps de se poser les bonnes questions et à ne pas se contenter de dispositions dont certaines sont utiles, mais d'autres superficielles ou parfaitement discutables. Pensons-nous vraiment qu'aggraver la maladie française du contrôle bureaucratique par une suspicion envers toutes les associations qui font honnêtement leur travail changera quoi que ce soit ? On se trompe de cible.
Nous sommes nombreux ici, par-delà les différences de sensibilité, qui étions prêts à un acte fondateur. Le 11 janvier 2015, des millions de Françaises et de Français avaient manifesté pour dire « je suis Charlie ». C'était un soulèvement contre la haine, pour la laïcité, mais aussi l'exigence d'un sursaut, afin que les problèmes qui depuis trop longtemps minent la République soient enfin traités et que l'on ne remette pas à nouveau la poussière sous le tapis, en se rassurant à bon compte avec des lois vite faites.
Nos principes républicains ne doivent pas seulement être réaffirmés et défendus contre ceux qui les attaquent par la référence au passé, et la célébration de celui-ci, mais par une vision du futur qui suscite l'enthousiasme. Les principes de laïcité, de fraternité, de sororité sont mieux adaptés encore au monde d'aujourd'hui qu'à celui qui les a vus naître.
Chaque fois qu'elle est attaquée, la République doit faire bloc, mais cela ne suffit plus. Remettre le pays en mouvement autour d'une nouvelle espérance pour la jeunesse, pour l'émancipation des femmes, pour la démocratie, pour le métissage, pour un nouvel horizon de civilisation écologique permettant de se projeter dans l'avenir et d'aimer vivre ensemble parce que l'on regarde devant soi, voilà ce qui permettra à chacune et chacun d'agir, de ne plus rien laisser passer, et de…
Le 10/02/2021 à 11:22, Laïc1 a dit :
"C'est comprendre enfin que notre jeunesse a besoin d'un autre horizon que celui d'une société vide de sens, menacée par le changement climatique, rongée par un consumérisme destructeur, qui laisse les coeurs vides, dans un monde en proie à des menaces existentielles."
Mme a oublié le Covid.
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