Notre collègue de Rugy a évoqué un point auquel j'ai toujours pensé : il m'est arrivé, comme vous tous, de recevoir des invitations à des cérémonies religieuses, à l'occasion notamment de grands événements, comme les commémorations des guerres qui ont frappé notre pays. Cela m'a toujours choqué. Est-ce insulter les religions que de poser le débat ? Non. C'est peut-être même avoir une haute idée des religions, qui renvoient à des convictions spirituelles. Et c'est précisément parce que nous aimons la possibilité de rechercher une transcendance que nous ne voulons pas que les religions deviennent un vulgaire instrument politique, comme cela a pu être le cas dans le passé. Nous serons vigilants sur ce point et ne souhaitons pas que des gens utilisent la religion pour autre chose que ce qu'elle est. Nous avons fait l'expérience, dans le passé, de l'alliance du spirituel et du temporel, qui n'a pas donné de belles choses. Nous sommes fiers de vivre dans un pays qui a clairement séparé les Églises et l'État.
Je souhaite que notre collègue maintienne son amendement. Vous évoquez tous la passion que j'ai mise dans le débat, mais j'ai le sentiment que, peu ou prou, je me situais sur la même ligne que vous, quand je disais clairement qu'on peut participer à certaines prières – d'ailleurs, monsieur Pupponi, soyons précis : se trouver en présence de quelqu'un qui prononce une prière en mémoire de personnes assassinées en raison de leur culte, ce n'est pas la même chose que de participer à une messe ou à une cérémonie religieuse. Passons.
Alors, comment fait-on ? La question a été posée en commission spéciale par notre collègue Stéphanie Rist et moi-même. Vous nous dites à présent qu'on peut avancer. Avançons ! Je sens d'ailleurs que certains d'entre vous partagent ce qu'a dit notre collègue Rist. Donc, comment fait-on ? C'est assez simple : un élu, ès qualités, c'est-à-dire revendiquant le fait qu'il s'y rend en sa qualité d'élu, ne devrait pas se montrer dans une cérémonie religieuse. Ce n'est pas sa place. Et que cela signifie-t-il ? Cela veut dire que l'élu qui a des convictions spirituelles peut aller communier, bien évidemment, mais il ne le fait pas ès qualités, en le revendiquant dans ses publications municipales.
Enfin, nos débats passionnés d'hier soir pour décider, en l'absence des usagers, de la façon dont ceux-ci devaient se comporter étaient empreints d'une rigueur inversement proportionnelle à celle que vous prévoyez pour nous, pour vous, les élus. D'un seul coup, cela devient : ne légiférons pas ! Je vais vous dire, dans une formule que vous trouverez sans doute fort vulgaire, qu'il existe un syndicat des élus qui refuse qu'on touche à ses membres. On peut parler de tout le monde à l'Assemblée nationale, mais pas des élus ! Si on le fait, on devient hostile aux croyants, anticatholique. En revanche, Mme Untel, qui accompagne son gamin, doit enlever le foulard ! Honnêtement, ne trouvez-vous pas cela blessant pour ceux qui nous regardent ? Arrêtez ce comportement corporatiste qui vise à donner l'impression que, dès qu'on touche à vos pratiques, on vous insulte.
Monsieur Le Fur, je trouve vos pratiques antirépublicaines. Le fait que vous organisiez une messe est contraire à toutes mes convictions, et je trouve cela bien plus grave que la présence d'une maman voilée lors d'une sortie scolaire. C'est un problème de fond. J'espère que vous voyez, comme moi, le problème. Merci à tous d'avoir participé à ce débat. Je l'ai constaté en commission, il ne s'agit pas d'un sujet accessoire. D'un seul coup, les masques tombent.
Le 15/02/2021 à 10:04, Laïc1 a dit :
"nous ne voulons pas que les religions deviennent un vulgaire instrument politique,"
Pour l'instant c'est la laïcité qui est devenue un vulgaire instrument politique...
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