Depuis que le présent texte a été enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale, le 13 janvier dernier, nous avons eu des échanges approfondis sur la situation tout à fait particulière dans laquelle nous nous trouvons. Nous arrivons à l'épilogue de ce travail législatif, qui, si ce texte est adopté, conduira notamment à la prorogation de l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 1er juin 2021.
Les échanges ont été riches, beaucoup a été dit, et quelques avancées sont clairement à noter. Je pense notamment à la suppression de l'article 3 en commission des lois, grâce à des amendements déposés par des députés de tous les groupes.
L'heure est grave et chacun en a conscience. Le Gouvernement doit plus que jamais prendre, chaque jour, des décisions qui affectent profondément la vie de nos concitoyens. En tant que représentants de la nation, nous savons, mieux que quiconque, à quel point la situation est préoccupante. Détresse psychologique, précarité grandissante, lassitude et parfois colère : nous devons entendre ces cris d'alerte et apporter les réponses les plus adaptées. Ce matin encore, j'ai regardé une vidéo sur le média en ligne Brut, montrant des jeunes qui attendaient la soupe populaire, pour se nourrir, sur une file de plusieurs centaines de mètres.
Le groupe Agir ensemble a toujours été force de proposition, en vue de structurer une politique sanitaire qui nous permette de sortir de l'impasse. Si les vaccins sont une immense lueur d'espoir, ils ne peuvent être l'alpha et l'oméga de notre politique sanitaire. La menace que font peser les variants nous rappelle qu'il serait dramatique de compter sur les vaccins pour juguler l'épidémie.
Nous nous réjouissons de l'évolution de la politique sanitaire gouvernementale, qui a repris plusieurs des propositions que nous défendons depuis des semaines, notamment celles relatives au renforcement du triptyque « tester, tracer, isoler ».
Partout dans le monde, les frontières se referment. Suite à l'annonce de la fermeture des frontières par le Premier ministre, la semaine dernière, des milliers et des milliers de personnes se trouvent aujourd'hui dans des situations dramatiques : j'espère, monsieur le secrétaire d'État, que nous pourrons en reparler.
À cet égard, en tant que député de la neuvième circonscription des Français établis hors de France, comprenant le Maghreb et l'Afrique de l'Ouest, je veux dire aux 3,5 millions de nos concitoyens résidant hors de nos frontières, que nous ne les oublions pas et que la représentation nationale sera toujours à leurs côtés. Je salue ainsi le courage et la résilience sans faille de tous ceux qui sont autant d'ambassadeurs du savoir-faire et du savoir-être de la France : leurs conditions de vie sont malheureusement, depuis bientôt un an, compliquées. La France ferme ses portes aux virus, mais jamais à ses ressortissants.
Je rappelle, à ce titre, tous les dispositifs que nous avons mis en place pour elles et pour eux, dont la fameuse aide spéciale covid-19 sous la forme du secours occasionnel de solidarité, instauré en 2020 par le ministère de l'Europe et des affaires étrangères, dans le contexte de pandémie mondiale ; ce dispositif est reconduit jusqu'au mois de juin prochain. Les assouplissements dont les modalités d'attribution de ces aides ont fait l'objet en 2020 restent en vigueur, pour permettre au plus grand nombre de ressortissants français établis à l'étranger, durement affectés par la crise économique, d'en bénéficier.
Je profite également de l'occasion qui m'est donnée pour saluer à nouveau tout le volontarisme et le dévouement de nos élus de terrain à l'étranger, notamment les conseillers des Français de l'étranger, qui, malgré des conditions de plus en plus difficiles, ne ménagent nullement leurs efforts pour venir en aide à nos concitoyens. Et je fais remarquer, à cet égard, que les élus doivent pouvoir disposer sans entrave de la liste électorale consulaire, afin de conserver un contact permanent avec les Français, a fortiori là où le contexte sécuritaire est particulièrement sensible et où des situations d'urgence peuvent survenir en quelques heures. La direction des Français à l'étranger et de l'administration consulaire doit nous entendre.
Chacun d'entre nous votera en conscience sur ce texte, sachant que la situation nous oblige. Elle nous oblige à agir ensemble pour nous en sortir ensemble, et définitivement tourner cette page compliquée. La prorogation de l'état d'urgence sanitaire ne se fait jamais de gaîté de coeur, pour les représentants de la nation que nous sommes, mais elle se fait toujours en responsabilité. Continuons d'accompagner le Gouvernement dans ces moments difficiles, soyons toujours force de proposition et constructifs dans notre approche, et nous ne serons que plus fiers du chemin parcouru.