Il y a presque un an, le groupe UDI-I a choisi, à l'unanimité, de faire confiance au Gouvernement, en lui donnant les pleins pouvoirs pour faire face à la crise. Aujourd'hui, nous en sommes à nous demander si nous avons eu tort. Sans doute n'avons-nous pas eu tort d'agir ainsi à l'époque, mais il semble désormais que nous ayons eu tort de vous faire confiance. En réalité, le Gouvernement s'est habitué aux pouvoirs exceptionnels exempts de contrôle du Parlement qui lui ont été confiés alors.
Ces pouvoirs exceptionnels devaient s'appliquer pendant une durée limitée, bien évidemment celle de la crise. Certes, la crise n'est pas finie, nous n'en disconvenons pas, et des pouvoirs exceptionnels restent nécessaires. Toutefois, ces pouvoirs exceptionnels devaient être assortis d'un contrôle du Parlement. Au mois de mars dernier, nous n'avons pas eu le temps d'établir sérieusement un tel contrôle dans les trois jours où nous avons bricolé l'état d'urgence sanitaire. Néanmoins, le Gouvernement s'était engagé à ce que l'on y revienne et que l'on y travaille, à ce que l'on définisse un cadre sérieux et que l'on crée effectivement des contrôles parlementaires.
Le seul contrôle parlementaire instauré à l'époque a été la mission d'information relative à l'épidémie de covid-19, devenue par la suite commission d'enquête, puis redevenue mission d'information. Or vous venez de la rayer d'un trait de plume. L'Assemblée nationale ne dispose donc plus d'aucun moyen de contrôler sérieusement l'action du Gouvernement – à la différence du Sénat.