Je partage totalement votre point de vue, madame la ministre déléguée, et je trouve que cet amendement n'a pas sa place dans ce débat, même si vous avez bien sûr le droit de le déposer. J'estime qu'il revient à ignorer qu'il existe soixante-dix langues régionales en France – une cinquantaine en outre-mer et une vingtaine dans l'Hexagone. Dans le seul pays de la Nouvelle-Calédonie, on compte environ vingt-sept langues régionales.
À ce titre, au-delà du débat sur l'écriture inclusive, je partage l'avis de Mme la ministre déléguée : il n'y a pas lieu ne pas permettre aux associations d'utiliser les langues régionales, d'autant que j'observe, dans ce domaine, des avancées lentes mais certaines : je pense aux décisions relatives à l'application de la charte européenne des langues régionales, à la réforme constitutionnelle de 2008, puis à la réforme de 2009. Plus récemment, en février 2020, l'Assemblée nationale a voté une proposition de loi relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, qui permettra d'aller plus loin dans la pratique des langues régionales non seulement dans l'espace public, mais dans l'éducation et la formation. C'est donc une avancée essentielle.
N'en déplaise à ceux qui voudraient, dans un esprit assimiliationniste, que tout un chacun oublie qui il est pour pouvoir exister en France, personne ne naît nu sur le plan identitaire. Nous possédons une identité et ce n'est pas parce qu'on la défend qu'on ignorerait l'unité de la République. La complexité de la République est même essentielle.
J'ajoute que, dans la foulée de l'Assemblée nationale, le Sénat, qui a adopté la proposition de loi, est allé encore plus loin que nous en donnant un caractère immersif aux langues régionales. Tant à l'école primaire que dans l'enseignement secondaire et au lycée, l'éducation doit participer à la construction de l'enfant en tenant compte de son environnement linguistique. Cela me paraît essentiel. Je remercie donc Mme la ministre déléguée d'avoir émis à un avis défavorable sur cet amendement.