Intervention de Jean-Michel Blanquer

Séance en hémicycle du vendredi 12 février 2021 à 9h00
Respect des principes de la république — Après l'article 22

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports :

Je m'efforcerai d'être bref car, comme vient très bien de le dire François de Rugy, nous sommes en réalité en train de sortir du vrai débat sur le texte. Je peux parler plusieurs heures de ce sujet, mais il faut commencer par en souligner la complexité. S'il existait un remède législatif miracle pour la mixité sociale, nous l'adopterions évidemment à l'unanimité, mais ce n'est pas si simple que ça, et ce n'est pas vrai que pour la France mais aussi pour le monde entier, car il existe des études très approfondies sur ces questions. Cela ne signifie pas, bien sûr, qu'il nous faille être fatalistes et ne rien faire.

Nous avons créé un secrétariat d'État à l'éducation prioritaire, c'est totalement inédit dans l'éducation nationale. Nathalie Élimas en a la charge. Nous mettons en oeuvre le type de dispositifs dont les uns et les autres avez parlé, comme M. Le Fur à l'instant, puisque le but de l'éducation prioritaire est de donner plus à ceux qui ont besoin de plus, donc de créer de l'attractivité dans les territoires les plus en difficulté : c'est l'un des leviers les plus importants.

Le rapport Mathiot-Azéma formule par ailleurs toute une série de préconisations que nous sommes en train de suivre, dont l'une des conséquences sont les CLA, que j'évoquais et qui vont justement dans le sens que vous proposez, mais pas de manière rigide : au cas par cas. Je vous invite à regarder ce que nous expérimentons actuellement dans trois académies. Ces contrats locaux associent l'enseignement privé sous contrat, comme vous le souhaitez, et l'enseignement public pour des objectifs de mixité sociale et d'attractivité dans les lieux les plus en difficulté.

Le plus important levier, c'est l'attractivité, qui appelle donc des mesures supplémentaires dans les endroits les plus en difficulté. C'est le sens du dédoublement des classes de CP et CE1, dont j'ai dit qu'il avait déjà ramené un peu de mixité sociale. C'est le aussi sens des classes de latin ou de grec dans les établissements les plus défavorisés, comme dans votre département, monsieur Corbière, au Bourget, où une magnifique classe de grec attire les élèves et fixe dans ces lieux des familles de classes moyennes comme de classes défavorisées. Tout récemment, nous avons décidé de lancer, à la rentrée prochaine, des premières classes expérimentales de sixième français-latin, que nous implantons de façon privilégiée dans les réseaux d'éducation prioritaire. Cette politique est donc une réalité, et je serais très heureux qu'elle bénéficie de votre soutien et de vos propositions pour la rentrée prochaine – puisque j'ai déjà entendu quelques critiques, voire quelques caricatures, sur ce qui était envisagé. Dans la lignée du rapport Mathiot-Azéma, il s'agit de donner plus à ceux qui ont besoin de plus, sur un plan territorial mais aussi individuel, car il y a des enfants défavorisés dans l'ensemble des territoires de la République : nous devons avoir de la finesse dans notre approche.

Comme vous le voyez, mon propos me conduit moi aussi un peu loin du projet de loi. C'est pourquoi je tiens à dire, à la suite de François de Rugy, que ce débat est bien sûr très important, et toujours ouvert : nous ne sommes pas inactifs, et nous sommes bien entendu appelés à d'autres rendez-vous sur le sujet.

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