Nous demandons la suppression de cet article 3 qui suscite de nombreuses craintes chez les partenaires sociaux.
Il y a d'abord la crainte qu'il permette à certains employeurs de s'exonérer de leurs obligations de formation concrète in situ, au motif que le travailleur a reçu une formation vaguement similaire aux consignes de sécurité dans une société de la même branche.
Il y a ensuite la crainte qu'à la suite d'un accident, l'employeur, arguant que le travailleur a déjà été formé, ne se serve du « passeport prévention » pour se dégager de ses responsabilités en matière de mesures de sécurité.
Il y a enfin la crainte que certains travailleurs, sous la pression de leur donneur d'ordre ou pour des raisons économiques, fassent figurer dans leur passeport des formations sans les avoir réellement reçues – ce qui arrangera certains employeurs, qui ne prendront pas la peine de procéder à des vérifications. Cette crainte est loin d'être théorique : il arrive déjà que sous la pression de leur donneur d'ordre, des auto-entrepreneurs – statut permettant parfois de camoufler une situation qui devrait en réalité relever du salariat – s'auto-habilitent pour conduire certains engins alors même qu'ils n'ont pas suivi les formations adéquates. Une fois le « passeport prévention » adopté, d'autres travailleurs seront exposés à ce vide juridique.