Monsieur le ministre de l'éducation nationale, la protection et la promotion des langues régionales et minoritaires est une préoccupation ancienne des institutions européennes. Elles voient dans la défense de ces langues un renforcement de la démocratie, de la diversité et de la richesse culturelles des peuples et des pays qui la composent.
En effet, les langues et cultures régionales, que nous défendons, sont le socle de notre identité. C'est dans cet état d'esprit qu'a été adoptée, en 1992, la charte européenne des langues régionales ou minoritaires, destinée à protéger et promouvoir ces langues, considérées comme des éléments menacés du patrimoine culturel européen. Signée par la France, cette charte n'a toujours pas été ratifiée.
1992, c'est également l'année où il a été inscrit dans l'article 2 de la Constitution que le Français est la langue officielle de la République. En théorie, cette inscription devait permettre de lutter contre l'hégémonie grandissante de l'anglais ; en pratique, elle n'aura finalement servi qu'à combattre insidieusement les langues régionales qui, depuis lors, subissent des attaques répétées – à l'image de l'article 6 du projet de loi confortant les principes de la République, qui menace les associations de promotion des langues régionales.
Après la réforme du bac l'an dernier, la réforme du CAPES de langue corse, le 25 janvier, est donc un nouveau coup de boutoir visant à remettre en question l'ensemble des systèmes éducatifs dédiés aux langues régionales. En effet, menée sans concertation avec l'université de Corse et les acteurs politiques et syndicaux, qui s'y opposent, cette réforme impose une inversion des coefficients des épreuves disciplinaires, faisant ainsi reculer la part du corse dans les épreuves. L'arrêté signe donc l'abaissement du niveau de maîtrise de la langue corse et témoigne d'une stratégie de fragilisation de l'enseignement des langues régionales.
Monsieur le ministre, quand allez-vous ratifier la charte des langues régionales ou minoritaires, et comment s'arrêtera ce processus délétère pour nos langues régionales ?