Il ne s'agit en rien, précisons-le, d'un outil contraignant.
Avec mon collègue Christian Hutin et l'ensemble du groupe Socialistes et apparentés, nous avons déposé dès le mois de juin dernier une proposition de loi – j'insiste sur le mot « loi » – portant création d'un fonds d'indemnisation des victimes du covid-19. Ce texte sera examiné demain en séance. Rejeté en bloc la semaine dernière par la majorité en commission, il prévoit une réparation de l'ensemble des préjudices subis pour les victimes graves de cette terrible maladie, y compris celles souffrant du covid long, sans oublier les ayants droit des personnes décédées.
Parmi les si nombreuses victimes du covid-19 se trouvent les malades hospitalisés pour qui il a été nécessaire de recourir à des soins de réanimation, ce qui a souvent entraîné de graves séquelles physiques, cardiaques, musculaires mais aussi psychologiques.
À ces malades graves s'ajoutent d'autres victimes, moins connues et moins visibles, dont le quotidien a été bouleversé depuis leur infection par le virus : il s'agit des victimes de ce qu'on appelle le « covid long », caractérisé par des symptômes persistants et particulièrement invalidants, au premier rang desquels figurent un essoufflement rapide, une fatigue chronique et une désadaptation à l'effort, ainsi que des troubles cognitifs, l'anosmie ou encore l'agueusie. S'il est encore tôt pour donner un chiffre précis, il est probable que le covid long concerne plusieurs centaines de milliers de personnes en France ; l'OMS – Organisation mondiale de la santé – évalue leur nombre entre 10 et 20 millions dans le monde.
Nous partageons avec vous la volonté d'assurer aux malades, y compris aux patients atteints de covid long, une prise en charge et un accompagnement adaptés. Beaucoup de ces patients sont dans l'incapacité de reprendre leur activité professionnelle, parfois plusieurs mois après avoir contracté la maladie. Certains sont arrivés en fin de droits et risquent de voir s'ajouter à la souffrance physique et psychologique une grande difficulté financière. Pour le moment, nombre d'entre eux ne bénéficient pas d'une reconnaissance en affection de longue durée – ALD – par l'assurance maladie. Du coup, les soins qui leur sont pourtant indispensables peuvent se révéler onéreux et complexes à obtenir.
Il est évident qu'il faut également poursuivre l'approfondissement des connaissances sur cette maladie grâce à la recherche, comme vous le suggérez. Néanmoins, il faut avant tout répondre à l'urgence de la situation et aux risques majeurs de désinsertion professionnelle qui pèsent sur ces personnes : plusieurs salariés souffrant de ces symptômes invalidants ont déjà été licenciés pour inaptitude.