Intervention de Michèle de Vaucouleurs

Séance en hémicycle du jeudi 18 février 2021 à 9h00
Aide individuelle à l'émancipation solidaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle de Vaucouleurs :

Celle-ci consiste à renforcer les voies et moyens permettant de dessiner une véritable trajectoire vers l'emploi. En effet, si l'urgence commande de lutter contre une précarité accrue, nous ne devons pas oublier que la finalité de notre action ne peut pas se résumer à un soutien financier : elle doit avoir pour but d'ouvrir des perspectives à notre jeunesse, de lui donner confiance en son avenir et en sa capacité d'être pleinement contributrice à la société qu'elle aspire à construire.

Nous avions déjà posé certains jalons visant à offrir aux jeunes une voie de réussite dans la vie active avec la réforme de l'apprentissage en 2018. Grâce aux aides incitatives mises en place par le Gouvernement cet été, les résultats sont au rendez-vous, en dépit des conséquences que la pandémie a eues sur la situation économique. Nous souhaitons pour notre part utiliser le support de la garantie jeunes, dont le montant est proche de celui du RSA, et l'étendre à tous les jeunes qui en auraient besoin, quels que soient leur statut socioprofessionnel et leur situation fiscale, afin de leur apporter une aide financière ou un accompagnement adapté à leur situation.

Nous sommes également très sceptiques quant à la dotation tremplin que vous proposez. L'idée peut paraître séduisante, notamment parce qu'elle fait reposer le dispositif sur le compte personnel d'activité. L'introduction d'une telle mesure pérenne et inconditionnelle interroge cependant car, si nous devons tout faire pour amortir les conséquences de la crise, il ne faudrait pas laisser croire en l'existence d'argent magique. Aussi toute mesure de long terme ne peut-elle qu'être mise en perspective avec d'autres dépenses.

La dimension financière ajoute de l'eau au moulin de nos réticences. En effet, le chiffrage de l'ensemble des dispositifs de cette proposition de loi est sans équivoque : ils représentent un coût cumulé pour les finances publiques de près de 21 milliards d'euros par an. Si l'exposé des motifs du texte avance des idées de financements, elles demeurent très hypothétiques et relèvent seulement de l'incantation puisqu'elles ne figurent pas dans le texte lui-même.

Comprenons-nous bien : ce n'est pas parce que les membres du groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés émettent de sérieuses réserves sur les dispositions proposées par ce texte qu'ils font fi des difficultés auxquelles peut être confrontée une partie de notre jeunesse. Pas un jeune ne doit être laissé sur le bas-côté. Notre conception de la politique sociale est ambitieuse. Nous pensons en effet que l'émancipation de la jeunesse n'est pas un étendard que l'on peut brandir mais un chemin à bâtir de la prime enfance à l'âge adulte. En témoigne l'action de notre ancienne collègue Sarah El Haïry, désormais secrétaire d'État aux côtés du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, action qui ne tend à rien d'autre qu'à émanciper nos jeunes avec, en ligne de mire, l'idéal de les vouloir citoyens libres et engagés.

D'une façon plus générale enfin, notre groupe s'est toujours montré ouvert à une concertation d'ampleur sur l'opportunité de mettre en ? uvre un revenu universel. Il nous semble indispensable qu'un tel sujet puisse être discuté avec un maximum de parties, sans que l'on se cantonne au Parlement, afin d'envisager cette thématique d'un point de vue global. C'est dans cette perspective que nous avions approuvé la résolution proposée par le groupe Agir ensemble en novembre dernier. En attendant, la situation de la jeunesse qui nécessite des réponses rapides ne saurait supporter le temps long de la navette parlementaire. Comme l'écrivait Guillaume Apollinaire : « Passent les jours et passent les semaines – Ni temps passé – Ni les amours reviennent. » Pour l'ensemble des raisons que je viens d'exposer, le groupe Dem n'apportera pas ses suffrages à cette proposition de loi.

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