Intervention de Gérard Collomb

Réunion du mardi 11 juillet 2017 à 15h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Gérard Collomb, ministre d'état, ministre de l'intérieur :

Je connais la Seine-Saint-Denis depuis une vingtaine d'années, et j'ai vu les choses changer. Toutefois, il est évident que ce territoire connaît des difficultés. Il faut y attirer à nouveau les emplois, mais cela ne suffit pas : encore faut-il que les personnes qui y habitent soient correctement formées. C'est la raison pour laquelle les dispositifs annoncés mettent autant l'accent sur la formation professionnelle.

S'agissant des différences de moyens dont bénéficient les commissariats, il est vrai qu'il faut être attentif à l'équilibre entre les territoires ; je suis d'accord avec vous sur ce point. Mais il faut étudier la situation de l'ensemble des territoires, et l'on s'apercevra alors qu'un certain nombre d'entre eux – je pense en particulier au mien – ont vu leurs effectifs de police diminuer assez fortement depuis un certain nombre d'années. Je veillerai donc, en tant que ministre de l'intérieur, à rétablir l'équilibre dans l'utilisation de nos forces de sécurité.

Par ailleurs, la police d'agglomération a permis une mutualisation – et c'est un élément plutôt positif –, mais nous avons perdu en qualité de proximité. Il convient donc de redonner aux préfectures davantage de responsabilités dans l'utilisation des moyens, car si le préfet de région, voire le préfet de police de Paris, s'acquitte de cette tâche, c'est un peu compliqué.

Quant à la police de proximité, elle sera mise en oeuvre progressivement. Je suis favorable à ce que l'on affecte des forces, sans forcément mentionner lesquelles, dans les territoires qui nous semblent prioritaires du point de vue de l'insécurité, et qui sont souvent également les plus paupérisés.

En ce qui concerne les opérations de la Porte de La Chapelle, elles démontrent dans les faits que le système actuel ne fonctionne pas. Il faudra donc le revoir profondément. En l'espèce, nous intervenons à la demande des autorités locales car, lorsque les riverains constatent que 2 000 ou 3 000 personnes campent devant le centre de premier accueil de la Porte de La Chapelle, ils estiment qu'elles sont très mal traitées. Mais dites-vous bien que toutes les grandes agglomérations – je pense à celle de Lyon – connaissent le même type de difficultés et que, rapporté à leur population, le nombre des demandeurs d'asile qui s'y trouvent est aussi important qu'à Paris. Je suis de ceux qui sont favorables à ce que le problème soit traité en amont, faute de quoi nous connaîtrons de grandes difficultés. Si l'on vous dit, monsieur Peu – et c'est le cas actuellement –, que les territoires de la première couronne, qui connaissent déjà de nombreux problèmes, doivent accueillir des centres d'hébergement, il est évident que cela ne va pas arranger la situation. Il me semble donc qu'il convient de repenser l'ensemble de la chaîne de l'asile pour pouvoir faire face à ces difficultés, plutôt que de surcharger des dispositifs déjà complètement engorgés. Il y a eu trente-trois ou trente-quatre opérations Porte de La Chapelle : ce n'est pas ainsi que l'on résoudra le problème.

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