Le résultat de votre politique destinée aux jeunes de France depuis le début de la crise est dramatique : 56 % des étudiants ont du mal à se fournir en produits de première nécessité ; 25 % n'arrivent pas à se nourrir à leur faim ; 23 % ont dû renoncer à consulter un médecin, et ils sont dans la même proportion à avoir eu des pensées suicidaires ces derniers mois. Sur le million d'étudiants qui travaillaient hier en parallèle de leurs études, 58 % ont vu leur activité diminuer et 36 % ont totalement perdu ce complément de revenu.
Vous êtes, madame la ministre, madame la secrétaire d'État, coupables de non-assistance à génération sacrifiée, et l'histoire retiendra que votre réponse à la détresse inédite de notre jeunesse fut d'inviter des youtubeuses à l'Élysée afin qu'elles twerkent sur TikTok. Un an après le début de la crise, vous vous réveillez enfin et multipliez les annonces. Au moins, ce débat demandé par Les Républicains, complémentaire à notre travail sur la lutte contre la pauvreté, aura eu ce mérite. Mais vous faites trop peu et trop tard, cherchant toujours à contrecarrer les conséquences de la crise plutôt qu'à en affronter les causes.
Alors que 73 % des 1,7 million d'étudiants annoncent avoir été affectés sur le plan psychologique, affectif ou physique, vos « chèques psy » n'ont concerné que 5 000 d'entre eux. Vous n'arriverez jamais, faute de psychologues directement sur les campus, à accompagner ceux qui en ont le plus besoin. Ce que demandent les étudiants, madame la ministre, madame la secrétaire d'État, ce sont des amphis, pas des psys ! Les universités doivent rouvrir, pas simplement pour les cours magistraux, qui constituent la solution de facilité, mais surtout pour les TD – travaux dirigés – , là où se fait la socialisation ; en testant massivement les étudiants concernés, chaque semaine, grâce aux tests salivaires. Par ailleurs, une enquête récente du Financial Times démontre que, sur les 1,1 million de vaccins déjà livrés par AstraZeneca à la France, seules 200 000 doses ont été administrées. Ces doses ne seraient-elles pas plus utiles dans les deltoïdes des étudiants plutôt que dans les frigos de l'ARS, si elles permettent à notre jeunesse de retrouver un semblant de vie sociale ?
La scolarité dans l'enseignement supérieur ne se limite pas aux cours ; elle s'étend aussi en dehors des salles de classe – qu'elles soient virtuelles ou réelles – à ces moments d'échange et de convivialité essentiels à tout un chacun. Pourquoi ne prenez-vous pas exemple sur l'Autriche, où des cafés ouvrent spécialement leurs portes aux étudiants afin que ces derniers puissent y réviser en petits groupes ? Pourquoi ne proposez-vous pas aux universités de banaliser un jour de cours afin que les étudiants puissent sortir s'aérer ou faire du sport – décision d'autant plus urgente à mesure qu'avancent les confinements locaux le week-end ? Pourquoi le Gouvernement ne travaille-t-il pas à la réouverture de certains musées sur une journée, qui seraient alors destinés uniquement aux jeunes et aux étudiants ?
À la précarité psychologique s'ajoute une précarité financière. Dès avril 2020, je vous alertais, madame la ministre, par un courrier sur l'urgence de prévoir un mécanisme de compensation pour les centaines de milliers d'étudiants privés de tout ou partie de leur travail et des revenus qui vont avec, appelant particulièrement votre attention sur les jeunes issus de la classe moyenne, ceux dont les parents ne sont pas assez pauvres pour bénéficier de bourses, mais pas assez riches pour permettre à leurs enfants d'étudier sans travailler. Je proposais un mécanisme simple : verser aux étudiants qui avaient travaillé l'année scolaire précédente l'équivalent de l'intégralité de leur revenu sous forme d'aide mensuelle, afin de ne pas les plonger dans la précarité.