Je remercie le groupe Les Républicains pour l'inscription à l'ordre du jour de nos travaux de ce débat sur les moyens de remédier aux effets de l'épidémie de covid-19 sur la jeunesse. Je salue aussi la qualité et la richesse du travail mené par nos collègues membres de la commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise sur les enfants et la jeunesse. Leur rapport permet d'appréhender l'ampleur et la diversité des conséquences de la crise sur les jeunes.
Depuis maintenant près d'un an, nous vivons au rythme de la pandémie. Si nous avons tous observé ses effets tant sanitaires qu'économiques, nous ne sommes toutefois pas frappés de manière égale par le virus et par les conséquences des mesures que nous prenons pour enrayer sa propagation. En effet, nos plus jeunes concitoyens, s'ils sont certes peu exposés aux formes les plus graves de la maladie, subissent en revanche de plein fouet la précarité économique, l'isolement et les ruptures scolaires, affectives ou psychologiques qui en découlent.
Sur le plan psychologique, d'abord, la santé mentale des étudiants s'est profondément dégradée avec la crise sanitaire. Contraints de suivre les enseignements à distance, de renoncer à une large part de leur vie sociale et d'annuler leurs projets de mobilité internationale, ils ont eu le sentiment de passer à côté de leurs années étudiantes, pourtant si essentielles pour nouer des liens, s'engager pour des causes communes ou encore gagner en confiance et s'émanciper.
L'usage accru des écrans a aussi heurté leur santé. Alors qu'ils étaient déjà particulièrement présents dans leur vie, ceux-ci sont devenus quasiment indispensables depuis un an, parce qu'ils permettent aux jeunes de maintenir un semblant de sociabilité et d'accéder aux enseignements à distance.
Les expressions de mal-être et de détresse psychologique ont fortement augmenté chez les adolescents et les jeunes adultes. Les chiffres sont alarmants : près d'un jeune sur trois a eu des pensées suicidaires au cours de ces derniers mois. De plus, la crise a creusé les inégalités sociales, car l'enseignement à distance s'est heurté à la fracture numérique, une réalité pointée depuis bien longtemps, et qui concerne nombre de nos concitoyens ruraux des classes populaires, qui ont subi pendant de longs mois une double assignation à résidence, faute de disposer d'un ordinateur ou d'une connexion à internet satisfaisante. « La classe à la maison » s'est aussi faite au détriment des jeunes issus de familles peu instruites ou allophones. Près d'un enfant sur dix est ainsi sorti des radars de l'éducation nationale pendant le confinement.
Enfin, la crise a entraîné une progression préoccupante de la pauvreté chez les jeunes. Plus d'un tiers des étudiants qui travaillaient ont perdu leur activité professionnelle pendant le premier confinement ; leur perte de revenus mensuels est estimée à 274 euros en moyenne. Dans le même temps, les jeunes ont parfois été montrés du doigt comme les principaux responsables de la propagation du virus, du fait de leur comportement ou de leur insouciance présumés. Ne créons pas de conflit intergénérationnel ! Pour vaincre le virus, nous devons tenir ensemble, en restant unis et solidaires.
La jeunesse est notre avenir à tous. Le Gouvernement a été au rendez-vous pour soutenir les jeunes en difficulté. Sans prétendre dresser la liste de toutes les mesures prises en ce sens, citons par exemple l'annulation des loyers des résidences universitaires en mars 2020, le versement d'une aide exceptionnelle de 200 euros pour tous les étudiants ayant subi une baisse de ressource au mois de juin ou encore l'offre de deux repas quotidiens à 1 euro pour tous les étudiants.
Notre objectif est clair : trouver une solution adaptée aux besoins et aux aspirations de chaque jeune. Notre mobilisation depuis 2017 a par ailleurs porté ses fruits. L'apprentissage a atteint un niveau historique en 2020, avec 500 000 contrats signés. Les embauches se sont maintenues entre août et décembre, puisque 1,2 million de jeunes ont été embauchés en CDD de plus de trois mois ou en CDI. Pour les jeunes précaires éloignés de l'emploi, nous avons multiplié les passerelles vers l'activité ; 600 000 jeunes sont entrés dans un parcours d'insertion vers l'emploi.
Ainsi, près de 7 milliards d'euros ont été investis en deux ans pour favoriser l'insertion et l'activité des jeunes. Au mois d'avril, un service de mentorat sera lancé, pour permettre à plus de 100 000 jeunes d'être suivis par des adultes volontaires dans leurs parcours de formation. Voilà un bel exemple de solidarité intergénérationnelle.
Je terminerai mon propos en rappelant que la crise a démontré toute la vivacité de la jeunesse, sa capacité de mobilisation, d'adaptation et sa volonté de participer à la prise de décision publique pour bâtir le monde de demain, comme en témoigne le développement du service national universel et des missions de service civique.
Au-delà des mesures que nous prenons, cet engagement des jeunes est un facteur d'intégration puissant dans la vie collective. Ainsi, madame la ministre, madame la secrétaire d'État, regardons plus loin que cette parenthèse malheureuse de notre histoire, et demandons-nous comment faire pour accompagner dans le temps long ces initiatives et favoriser l'engagement des jeunes.