Je fais partie de la génération de mai 68, dont l'histoire a retenu qu'il est interdit d'interdire : la fin des contraintes, des oppressions et des convenances. Un demi-siècle plus tard, pour tenter de vaincre la pandémie, des libertés fondamentales ont été restreintes, voire bafouées. « C'est dur d'avoir 20 ans en 2020 » : cette phrase, prononcée en octobre par le président Macron, n'a pas fini de résonner dans la tête de ceux qu'on appellera probablement la « génération covid ». C'est une génération anxieuse, en quête de sens, impuissante face aux dérèglements climatiques ; elle s'interroge sur l'avenir de la démocratie, et ne veut pas être sacrifiée.
Paradoxalement, ces jeunes, nourris au numérique, qui ont goûté avidement aux réseaux sociaux, se retrouvent en overdose de visioconférences, qui les désespèrent. Qu'on le veuille ou non, deux années scolaires ont été plus que perturbées – années perdues, selon votre expression, madame la ministre. Le résultat du bac 2020 est en trompe-l'oeil, peut-être même constitue-t-il une bombe à retardement. La rentrée 2021 se prépare maintenant. Que fait le Gouvernement pour que la prochaine année scolaire et universitaire se déroule normalement ? Tous les enseignants seront-ils vaccinés d'ici là ?
Ma deuxième question concerne les stages nécessaires à la validation d'une formation, souvent diplômante. La plupart de ceux qui doivent effectuer des stages ont le sentiment de revivre la galère du printemps dernier. À cause de la crise sanitaire, les entreprises n'ont ni le temps, ni le budget, pour recruter des stagiaires. Entre projets ajournés et équipes en télétravail, beaucoup hésitent à accueillir des étudiants. Au-delà des slogans « 1 jeune, 1 solution » ou « 1 jeune, 1 emploi », qu'est-il prévu pour aider les jeunes ? Des collègues ont déjà posé la question et Pierre-Henri Dumont a évoqué des solutions : comment le Gouvernement incitera-t-il les entreprises à embaucher des stagiaires ?