Le constat est unanime : la jeunesse est particulièrement mise à mal par la crise sanitaire et, en l'absence de mesures urgentes et robustes, elle risque d'en subir les conséquences pendant longtemps. Si la situation est particulièrement périlleuse pour les jeunes adultes de moins de 30 ans qui ne vivent plus chez leurs parents, la crise vient révéler une terrible réalité française : la moitié des pauvres sont des jeunes. Les étudiants sont loin d'être épargnés et le fait qu'ils soient chaque jour si nombreux à attendre un colis alimentaire a surpris et choqué. Mais s'y ajoute ce que l'on ne voit pas, ou moins : les difficultés psychologiques, la peur de l'avenir, la solitude aggravée par l'éloignement – je pense particulièrement à ceux qui viennent des outre-mer – et même l'abandon des études quand la lutte contre la précarité mobilise toute l'énergie et toute l'intelligence. Ce tableau, étayé par d'innombrables témoignages, est la preuve du caractère obsolète du système des bourses – dont je rappelle que 40 % des bénéficiaires doivent travailler – et de l'insuffisance des dispositifs actuels.
Personne ne comprend donc que le Gouvernement rejette systématiquement les pistes qui lui sont présentées : vous avez dit non au RSA jeunes, non au revenu de base à 18 ans, non à l'aide individuelle à l'émancipation et non au revenu étudiant. On sait pourtant que le salariat des étudiants est la première cause d'échec à l'université. Plus que jamais, nous devons trouver les moyens pour que les étudiants puissent se consacrer à leurs études sans être obligés de travailler pour les financer. Un récent sondage montre que la société dans son ensemble souhaite un tel progrès.
Ma question porte d'abord sur l'urgence sociale : quand un dispositif clair et ciblé sera-t-il créé pour répondre à la détresse des étudiants ? Et de manière plus durable, allez-vous dire oui à la création d'une allocation d'autonomie accessible à tous et d'un véritable statut social pour les jeunes en formation ? La jeunesse, l'avenir de notre nation, attend vos réponses, madame la ministre, madame la secrétaire d'État.