La crise sanitaire met en exergue les forces et les faiblesses de l'Europe. C'était déjà vrai lors de la crise financière de 2008, cela l'est plus encore aujourd'hui.
Au nombre des forces, il y a la solidarité monétaire européenne. Sans la Banque centrale européenne, la BCE, la France serait en cessation de paiement ou quasiment car son niveau de dette publique dépasse les capacités des prêteurs privés ou en tous les cas leur appétence à nous prêter à des taux proches de 0 %. La BCE représente un pilier qui conditionne les politiques de relance par le biais des différents plans, qu'ils soient nationaux ou européens. Mais disposer d'argent ne signifie pas nécessairement avoir des projets concrets et entraînants. Sur ce plan, l'Europe se cherche encore car elle peine à se mettre d'accord sur des objectifs communs et à disposer d'une véritable force opérationnelle. Ce point est particulièrement visible pour ce qui concerne la vaccination sur laquelle je vais concentrer mon intervention.
Je tiens d'abord à saluer le principe des commandes groupées et de répartition équitable des doses commandées. Avec cette décision, l'Europe affirme solidarité et unité. Cela permet théoriquement à chaque pays de disposer de plus de doses que si chacun avait passé des commandes seul, ce qui aurait de facto favorisé les plus grands pays. Mais cette stratégie s'est malheureusement heurtée à l'insuffisance de l'Europe quant à la mise en oeuvre de projets concrets, que ce soit sur le volet financier, le volet industriel ou le volet opérationnel. Ces trois points doivent nous interroger et surtout nous inciter à changer de braquet.
Comme l'indique l'étude de Terra Nova publiée il y a quelques semaines, « l'industrie européenne bénéficiait historiquement d'atouts très favorables avec un leadership européen dans la recherche et l'innovation avec la mise au point de nouveaux vaccins. En 2008, d'après les enquêtes de Vaccine Europe, l'UE hébergeait 60 % des projets de développements de vaccins et deux chercheurs sur trois spécialisés dans la recherche dans ce secteur travaillaient sur le sol européen. Mais contrairement à ce qui s'est passé aux États-Unis – [l'investissement public a été divisé par trois ces dernières années en Europe] – ,…