Elle cherche au contraire à préserver un internet libre, ouvert et sûr. Il est temps de remettre la sécurité et les libertés des citoyens au centre de la vie numérique : c'est l'ambition que nous portons avec nos partenaires européens.
Je tiens enfin à rappeler qu'être souverain et assumer le rapport de force ne signifie pas qu'il faille renoncer à nos alliances et à nos partenariats. Cela implique simplement de nous assurer que nos intérêts sont pris en compte. C'est vrai s'agissant du nouveau partenariat transatlantique, que j'ai évoqué, mais aussi – il en a été souvent question au cours de ce débat – de la relation que nous devons bâtir avec le Royaume-Uni après le Brexit. Je pense aux interventions de Mme Dumas, de M. Dumont et de bien d'autres sur le sujet. Grâce à l'accord que nous avons conclu à Noël, nous pouvons avoir une relation commerciale spécifique avec le Royaume-Uni. Nous avons accepté la formule « zéro tarif, zéro quota », mais à une condition : « zéro dumping ». Cela implique notamment le respect des règles d'origine, qui doivent être robustes, mais aussi celui des règles de concurrence équitable. En clair, le Royaume-Uni ne peut servir de plateforme de réexportation vers l'Union européenne pour des produits venant de pays tiers, et il ne peut y avoir ni aides d'État ni divergences de normes susceptibles d'avoir un effet négatif sur nos relations commerciales.
Mme Dalloz a fait état des difficultés liées aux formalités douanières, qu'il importe de remettre en discussion ; tout n'est pas achevé dans la mise en oeuvre de l'accord. M. Favennec-Bécot a insisté sur le respect du protocole concernant l'Irlande du Nord, et d'autres propositions ont été faites. Il faut maintenant poursuivre les discussions mais, pour parer à toutes les éventualités, nous nous sommes dotés d'un système de contrôle et de sanctions robuste, qui prévoit des mesures compensatoires, des mesures dites de rééquilibrage et des rétorsions croisées dans d'autres domaines que celui où s'est produite la violation, si d'aventure celle-ci devait survenir. Il faut faire preuve, sur tous ces sujets, d'une vigilance accrue.
Grâce à l'accord de décembre, nous avons également obtenu des garanties pour défendre les intérêts de nos pêcheurs ; peut-être en parlerons-nous lors des questions. La France avait dit que la pêche ne serait pas une variable d'ajustement de la négociation et elle ne l'a pas été, même s'il reste encore des sujets à traiter. Je les évoquerai dans un instant.
Cet accord, mesdames et messieurs les députés, n'épuise pas l'ensemble de notre relation avec le Royaume-Uni, que nous devons absolument réinventer dans les domaines de la sécurité, de la politique étrangère et de la politique de défense. Si l'Europe, même sans le Royaume-Uni, reste une immense puissance notamment sur le plan commercial, elle a néanmoins un intérêt objectif à une étroite coopération avec le Royaume-Uni dans les domaines de politique étrangère et de défense.
J'ai toujours tenu ce propos, en public comme en privé.
C'est pourquoi nous avons toujours fait part, comme je le fais de nouveau aujourd'hui, de notre disponibilité pour travailler sur ces sujets avec Londres – ne serait-ce que parce que nous sommes tous deux membres permanents du Conseil de sécurité, que nous sommes deux puissances nucléaires, que nos intérêts sont convergents lorsqu'il s'agit de la défense du multilatéralisme ou des droits de l'homme, de la protection de l'environnement ou encore de la lutte contre le changement climatique. De surcroît, nous avons construit depuis les traités de Lancaster House, dont nous avons célébré les dix ans en novembre, un partenariat de défense solide entre la France et le Royaume-Uni, que le Brexit ne remet pas en cause. Il faut donc que nous ayons ces discussions avec le Royaume-Uni en faisant preuve d'intransigeance sur le respect des textes, de vigilance quant à leur application, et de volonté et de disponibilité pour travailler sur les autres sujets ; c'est d'ailleurs ce qui se passe de fait.
Il nous faut enfin, au sujet des partenariats extérieurs, nous assurer que nos intérêts et nos valeurs sont respectés dans le cadre du dialogue de franchise, de fermeté et d'exigence que nous avons avec la Chine, comme je l'ai indiqué au début de mon intervention. Nous devons aussi traiter avec la Chine nos sujets d'intérêt commun comme les sujets environnementaux. Nous ne pourrons pas aboutir à des accords significatifs à Copenhague si la Chine est absente de la négociation. Il faut le savoir, et cela n'empêche pas la fermeté sur d'autres sujets, en particulier sur la question des Ouïghours.
Mesdames et messieurs les députés, l'Europe c'est aussi un projet de solidarité. On a pu l'oublier, lorsque l'on a voulu faire de l'Europe un marché et uniquement un marché. C'était une erreur que nous devons non seulement réparer mais aussi veiller à ne pas reproduire, alors que nous cherchons à faire en sorte que l'Europe s'assume comme une puissance et que nous sommes par ailleurs confrontés à des bouleversements majeurs.
Car la solidarité, même si certains tendent parfois à perdre de vue cette évidence, demeure notre première arme face aux crises. C'est le cas bien sûr pour la crise de la covid-19 ; Mme Grandjean en a parlé, et d'autres sont intervenus sur le sujet. Je rappelle qu'il y a un an, l'Europe de la santé n'existait pas, car la santé n'a jamais fait partie des compétences de l'Union. Aujourd'hui, la situation n'est sans doute pas totalement satisfaisante, pas parfaite ; certains ont stigmatisé certaines lacunes, parfois importantes. Mais il faut mesurer le chemin parcouru ! En avançant à marche forcée, nous avons su progressivement nous coordonner et nous organiser. Face à l'urgence d'une crise sans précédent, nous avons posé les bases d'une Europe de la santé à la fois souveraine et solidaire, comme l'a rappelé M. Jerretie.
Sur la question des vaccins, on peut polémiquer autant que l'on veut.