Je n'ai pas décliné, tout à l'heure, les avancées réalisées depuis quatre ans dans le domaine de la défense au niveau de l'Union européenne, mais elles sont spectaculaires. Je pense au fonds européen de défense, qui commence à signifier quelque chose, à la facilité européenne pour la paix, à la coopération structurée permanente et à l'initiative européenne d'intervention. Voilà quatre points essentiels qui font que dans le domaine de la défense, l'Europe d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec l'Europe d'il y a quatre ans.
Ce n'est pas uniquement dû aux doutes qui se sont fait jour pendant les quatre années d'administration Trump sur la solidarité transatlantique et l'avenir de la coopération de défense entre l'Europe et les États-Unis, mais aussi à la prise de conscience progressive, par les Européens, de la nécessité de disposer d'une autonomie stratégique, c'est-à-dire de la capacité de décider et des moyens d'atteindre leurs objectifs. Il y a là, je dois le dire, une avancée considérable.
Il nous faut poursuivre en ce sens, dans un contexte nouveau. Nous devrons notamment préparer, d'ici le milieu de l'année prochaine, deux moments essentiels. D'abord, l'Union européenne a décidé, lors du Conseil européen du 26 février dernier, d'élaborer, sous la présidence française, la « boussole stratégique » en vertu de laquelle nous définirons nous-mêmes nos choix et orientations dans le domaine de la sécurité et de la défense.
Nous devrons, parallèlement, assurer une bonne articulation entre cette boussole et la redéfinition du concept stratégique de l'OTAN, lequel, je le rappelle, fait débat. Un groupe de réflexion a été mobilisé sur cette question, sur laquelle le Président de la République était intervenu de manière assez fracassante. Tous ces éléments feront l'objet de discussion.
Nous devrons donc définir deux orientations distinctes : l'autonomie stratégique dans le cadre de la boussole européenne d'une part, et le partenariat de sécurité et de défense dans le cadre de l'Alliance d'autre part. Ce moment que nous allons vivre permettra, je le crois, d'assurer une nouvelle relation transatlantique tout en affirmant la souveraineté européenne.