Votre question est complexe, mais je vais essayer d'y répondre. Vous l'avez souligné, le secteur a d'ores et déjà engagé sa transition – les chiffres mentionnés précédemment sont éloquents. Nous travaillons en outre sur un continuum de mesures, parmi lesquelles l'optimisation des trajectoires et l'utilisation de matériaux toujours plus légers, certifiés et résistants, sources de gains précieux du point de vue de l'efficacité aérodynamique et énergétique.
Ensuite, vous l'avez souligné, nous avons ouvert un très grand chantier autour de la performance énergétique, notamment s'agissant des carburants – biocarburants et carburants synthétiques d'avenir. À ce sujet, nous avons lancé l'année dernière à Toulouse la filière des biocarburants d'aviation durables ; elle va prendre pleinement son essor cette année. Quatre sites ont été sélectionnés en France et seront consacrés à ce type de production. Le taux d'incorporation de ces biocarburants est actuellement calculé de manière assez conservatrice, puisque nous prévoyons qu'il s'élève à 1 % en 2022, à 2 % en 2025 et à 5 % en 2030, mais je crois que nous pouvons aller plus loin – cela fait d'ailleurs l'objet d'un consensus européen – , par exemple en faisant appliquer des mandats d'emport de façon plus volontariste et en nous appuyant sur les capacités technologiques dont nous disposons déjà pour incorporer des volumes de biocarburants plus importants dans les moteurs existants, comme l'a précisé Pierre Cabaré.
Nous travaillons par ailleurs à l'hybridation électrique, que vous avez évoquée, afin de développer des démonstrateurs à l'horizon 2027, plutôt sur des trajets courts, à l'échelle régionale.
Enfin, nous travaillons au grand saut vers les carburants synthétiques, notamment l'hydrogène. L'ensemble de la filière est mobilisé et nous avons investi 1,6 milliard d'euros sur trois ans – de 2020 à 2022 – pour soutenir les industriels. Notre action porte en particulier sur trois sujets : la sécurité de l'exploitation, qui doit bénéficier de sauts technologiques – vous avez évoqué quelques-uns de ces enjeux ; la question de la production française, qui doit profiter d'un mix énergétique très largement décarboné et de l'ambition que nous nourrissons en matière de développement des énergies renouvelables ; la viabilité de la filière, qui est liée notamment au prix de ces carburants et qui passera à la fois par des soutiens publics, par la massification de l'offre et par la capacité de nos entreprises à investir.
La filière et le Gouvernement sont donc pleinement mobilisés pour relever ce défi qui est tout à fait titanesque mais demeure à notre portée.