Intervention de Bénédicte Taurine

Séance en hémicycle du mercredi 3 mars 2021 à 15h00
Mutations du secteur aérien face aux défis économique et écologique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBénédicte Taurine :

Mme Pompili l'a redit il y a une quinzaine de jours, l'objectif est de développer un avion fonctionnant avec d'autres carburants. En janvier 2020, Élisabeth Borne et vous-même avez dans cette perspective lancé un appel à manifestation d'intérêt pour la production d'agrocarburants aéronautiques. Ceux-ci ne pourraient constituer une solution, j'y insiste, que si leur fabrication repose sur l'utilisation de sous-produits agricoles et non sur des cultures dédiées. Leur production est toutefois si faible à ce jour que la stratégie nationale bas-carbone ne prévoit d'en incorporer que 2 % dans le kérosène en 2025 et 5 % en 2030.

Quant à l'avion à hydrogène, il est synonyme d'une explosion des besoins en électricité. Pour faire voler avec cette énergie tous les avions à destination ou en provenance de Charles-de-Gaulle, il a été établi qu'il aurait fallu, en 2018, l'équivalent de 5 000 kilomètres carrés d'éoliennes, 1 000 kilomètres carrés de panneaux photovoltaïques ou seize réacteurs nucléaires. Pour son plan hydrogène, la Commission européenne a missionné un partenariat public-privé selon lequel l'enjeu est de créer pour les compagnies pétrolières, gazières et les équipementiers un marché de 130 milliards d'euros à l'horizon 2030 et 820 milliards à l'horizon 2050, préoccupations qui nous semblent davantage économiques qu'écologiques.

Faire voler les avions avec les agrocarburants n'est pas la panacée, nous l'avons vu, et les avions à hydrogène nécessitent de lourds investissements qu'il s'agisse des infrastructures de production et d'acheminement ou de la restructuration de l'ensemble des aéroports par lesquels ils transiteraient. Ayons aussi à l'esprit l'échec de l'A380, qu'il importe de ne pas reproduire.

Pour nous, la solution passe bien évidemment par une transformation du secteur aérien, par des améliorations technologiques, mais aussi par la réduction du trafic. Monsieur le ministre, pouvez-vous nous dire exactement à quoi ressemblera l'avion en 2050 et surtout avec quel carburant il serait susceptible de voler ?

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