Intervention de Frédéric Petit

Séance en hémicycle du mercredi 3 mars 2021 à 21h30
Mission d'information sur les enfants sans identité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrédéric Petit :

On entend souvent dire que les parlementaires ne servent à rien, et les assemblées interparlementaires à moins encore, mais le débat d'aujourd'hui n'aurait jamais eu lieu sans la ténacité de l'une d'entre nous et sans une assemblée interparlementaire : l'Organisation internationale de la francophonie.

En effet, l'exécutif ne peut pas tout voir ni tout sentir ; il ne peut pas toujours saisir tous les enjeux. Je suis donc très fier et je vous adresse mes remerciements pour votre ténacité, madame Dumont, chère Laurence, et votre enthousiasme, madame Kuric, chère Aina.

Je ne répéterai pas ce que vous avez déjà très bien dit, et tous nos collègues après vous. Pour terminer ces interventions liminaires, je ramènerai le débat sur deux préoccupations qui sont au coeur de ma fonction de rapporteur des crédits budgétaires de ce que l'on appelle la diplomatie d'influence – beaucoup savent que je n'aime pas trop ce terme et que je préfère parler de présence active de la France dans le monde.

J'évoquerai donc l'éducation, sujet particulièrement lié à celui dont nous traitons aujourd'hui, puis la nécessaire réorganisation des ressources tant de notre action dans le monde que du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères – c'est un sujet dont je vous parle souvent, monsieur le secrétaire d'État, et le thème du débat de ce soir en offre un bon exemple.

Commençons par l'éducation. Nous essayons de promouvoir dans le monde le système éducatif à la française, le seul à débuter à trois ans – parfois même dès deux ans – et à commencer l'éducation en partant de la langue maternelle de l'enfant, sans lui imposer le français. Si nous voulons réussir ce type de promotion, sans même aller jusqu'aux instituts Français et à la culture française, ce n'est pas uniquement d'enseignants et de bâtiments scolaires dont nous avons besoin, mais d'une cohérence de nos actions. Je l'appelle de mes voeux depuis trois ans. Il doit y avoir un aller-retour entre des acteurs qui n'ont plus l'habitude de travailler ensemble.

Par exemple, on pourrait imaginer que, dès ce soir, une intervention éducative menée dans le cadre du partenariat mondial de l'éducation, en présence d'enseignants français et francophones – par exemple, la formation de cadres – , s'accompagne systématiquement d'un projet d'expertise de la France en matière d'état civil – je dis bien « systématiquement », et non pas uniquement au hasard des nominations, des intérêts de diplomates mieux informés que les autres. Cela me semblerait tout à fait indiqué par le rapport dont nous débattons.

J'en viens à mon deuxième point. En commission des affaires étrangères, nous avons entendu M. Pascal Lamy, président du Forum de Paris sur la paix. Il nous a parlé de relations « polylatérales », plutôt que multilatérales.

Monsieur le secrétaire d'État, lors de la conférence des ambassadeurs et des ambassadrices de 2019, le Président de la République a parlé d'ambassadeurs généralistes et spécialistes, de chefs d'orchestre et de virtuoses.

Vous savez que nous sommes quelques-uns, dont M. Jean François Mbaye ici présent, à soutenir cette idée : quel que soit leur intitulé – ambassadeur thématique, représentant spécial, plénipotentiaire – , ces fonctions si utiles à la diplomatie du XXIe siècle, ces fonctions métiers qui ne peuvent être exercées par des généralistes, ne sont pas consolidées par l'organisation du ministère de l'Europe et des affaires étrangères, ce qui les rend fragiles. Ceux qui les occupent sont nombreux, mais toujours présentés comme « spéciaux » ou « exceptionnels ». Or de tels sujets réclament d'être incarnés, rendus visibles, par une personnalité politique, ayant une composante administrative à sa disposition, et menant un travail transversal.

Mesdames les rapporteures, je souscris à votre proposition no 11 : qu'il y ait dans l'administration davantage de personnels affectés au problème des enfants sans identité. Si nous parvenions en outre à ce que l'on appelle dans le privé – excusez-moi – une organisation matricielle, c'est-à-dire à ce que des politiques, sans qu'il s'agisse nécessairement de ministres ou de personnages haut placés, prennent le sujet à bras-le-corps, il ne fait guère de doute que vos propositions nos 12 à 23 seraient rapidement concrétisées. Beaucoup d'entre nous ont déclaré qu'il fallait agir aujourd'hui : sans une telle organisation, nous ne serons pas en mesure de promouvoir ce sujet comme il mérite de l'être.

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