Les défis qui s'ouvrent à nous sont donc multiples. Il faut combattre les terroristes, mais aussi contribuer à rebâtir les modes de gouvernance de ces pays, les rendre aptes à résister par eux-mêmes aux projets islamistes, respecter les particularismes locaux, juguler la corruption et favoriser l'éducation, car trop de jeunes Sahéliens adhèrent aux thèses de Daech, souvent par ignorance. Il faut donc instaurer et aider à instaurer un véritable plan d'éducation pour tous aux Sahel. Favorisons également la culture et le développement. Aidons ces pays à faire face aux conséquences du changement climatique et à maîtriser l'explosion démographique et ses conséquences.
Lors du récent sommet du G5 Sahel, le Président de la République avait insisté sur les « 3D » – défense, développement, diplomatie – et annoncé que les effectifs militaires français dans la zone ne seraient pas réduits. Mais il semble urgent que l'Union européenne prenne sa juste part dans la recherche d'une solution et ne laisse pas notre pays oeuvrer seul, ou presque, pour contenir le terrorisme. À plusieurs reprises, nous avons plaidé pour une participation européenne. Il faudrait au minimum que les dépenses militaires françaises dans l'opération Barkhane ne soient pas prises en compte lors du calcul du déficit.
Il faut également que les pays africains s'engagent dans une collaboration renforcée en matière de défense et de sécurité, par exemple dans le cadre de la CEDEAO, mais cela semble d'autant plus compliqué que le récent coup d'État militaire au Mali a encore fragilisé la situation. Rappelons qu'en mars 2012, un coup d'État – mené depuis la même garnison que celui de 2020 – avait déjà conduit au renversement du président de ce pays, accru l'instabilité et ouvert la voie à la progression des troupes armées islamo-djihadistes, lesquelles terrorisent toujours le pays et la région.
Aussi, en ces moments difficiles qui fragilisent davantage le Mali, nous ne pouvons que partager les inquiétudes du peuple malien et exprimer notre pleine solidarité avec l'ensemble des forces démocratiques du Mali. Pouvez-vous, monsieur le ministre, faire le point sur la situation, et nous indiquer si le pouvoir militaire qui s'est imposé envisage de permettre le retour à l'ordre constitutionnel et civil, avec le soutien et la médiation des partenaires régionaux ou internationaux ? Pouvez-vous également nous préciser dans quelle mesure nos efforts militaires s'inscrivent dans le projet plus vaste du développement de la région ? Où en est, notamment, l'ambitieux projet de grande muraille verte, quinze ans après son lancement ? Ce projet ayant pour but d'ériger une bande cultivée de quinze kilomètres de large sur près de 8 000 kilomètres de long, du Sénégal à Djibouti, n'a manifestement pas atteint ses objectifs. Or ce programme phare, qui vise à fournir des solutions politiques à des menaces environnementales multiples et complexes – telles que la dégradation des terres, la désertification, la sécheresse, le changement climatique, la perte de biodiversité – , mais aussi à la pauvreté, à l'insécurité alimentaire et même au terrorisme, semble de nature à compléter les efforts militaires engagés au Sahel.